Apnées du sommeil : vers une approche personnalisée
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Tous les apnéiques ne se ressemblent pas

Ces critères simples d’évaluation des apnées ne permettent cependant pas de rendre compte de la grande variété des profils d’apnéiques. Pour cela, il faut en inclure d’autres comme des facteurs physiopathologiques, le caractère positionnel ou non des troubles respiratoires nocturnes (préférentiellement lorsque la personne est à plat-dos) mais aussi des symptômes associés tels que l’insomnie, la dépression…. Ceci permet une caractérisation beaucoup plus fine de la maladie en vue de définir de grands profils (phénotypes) d’apnéiques.

Pr Frédéric Gagnadoux, département de pneumologie au CHU d’Angers : « A partir de l’étude de plusieurs milliers d’apnéiques en Pays de Loire, nous avons pu dégager plusieurs profils dont un phénotype féminin. Celui-ci est un syndrome des apnées particulier, plus souvent associé à l’insomnie, à la dépression, à l’hypertension artérielle et au diabète. Autre exemple, le profil « SAHOS avec somnolence » exposerait à un risque accru de perturbations métaboliques avec, de ce fait, un devenir cardiovasculaire plus péjoratif. Un autre phénotype pourrait s’appeler « SAHOS comorbide » ; ce sont des malades qui cumulent les maladies associées sans pour autant présenter de symptômes typiques des apnées. Chez eux, traiter uniquement les apnées produit un effet très modeste sur l’avenir cardiométabolique. Dans ce cas précis, la prise en charge devra être multidisciplinaire et porter à la fois sur les apnées et les facteurs de risque (traitement de l’hypertension, modification de l’activité physique, de la diététique etc.). »

Apnées du sommeil, des mécanismes mieux cernés

Les mécanismes qui conduisent au mauvais fonctionnement (collapsus) du pharynx sont aussi progressivement mieux caractérisés. Jusqu’alors, seule la cause anatomique était considérée. En réalité, d’autres facteurs interviennent et constituent des cibles thérapeutiques potentielles : il d’agit du tonus et de l’activité des muscles dilatateurs du pharynx, de la stabilité du contrôle ventilatoire et du seuil d’effort respiratoire responsable d’éveils.

Plusieurs voies thérapeutiques ciblant ces paramètres sont en cours d’évaluation dans la perspective d’une médecine personnalisée :

  • Certains patients ont un seuil d’éveil trop bas et pour cette raison sont plus sensibles à l’effort respiratoire et aux apnées. Ils se réveillent souvent. Chez eux, des études évaluent l’intérêt de prescrire des médicaments hypnotiques, afin d’approfondir leur sommeil sans pour autant aggraver les apnées.

  • La stimulation du muscle de la langue (génioglosse) par l’intermédiaire du nerf hypoglosse est une autre approche à l’essai. On sait en effet depuis peu que certains apnéiques ont une réponse insuffisance de ces muscles pendant le sommeil.

  • La moitié des apnéiques ont des symptômes d’insomnie. Or, non seulement les apnéiques insomniaques ont plus de risque de développer une hypertension artérielle mais ils ont moins tendance à accepter la contrainte de la pression positive continue. Des programmes sont en cours afin d’évaluer chez eux une prise en charge cognitivo-comportementale de l’insomnie. Des machines de pression positive continue spécifiques pour les patients insomniaques sont en cours conception.

  • Des facteurs biologiques pourraient conditionner l’impact des traitements des apnées du sommeil sur la pression artérielle et le risque cardiovasculaire.
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Source : D’après un entretien avec le Pr Frédéric Gagnadoux, pneumologue au CHU d’Angers suite à son intervention sur ce thème à l’occasion du congrès de la Société de Pneumologie de Langue Française (27-29/01/17, Marseille).