Addictions : peut-on être addict à tout ?
Sommaire

Bronzage ou cannabis, la liste de nos addictions

  • Les addictions aux produits licites ou non (alcool, tabac, drogues dures) obéissent à des mécanismes addictifs basiques.
  • Addictions alimentaires : les nourritures grasses et sucrées, parfois décrites comme potentiellement addictives, nous font rarement perdre le contrôle, en dehors de comportements d'hyperphagie (prise importante et compulsive de nourriture). Les produits qui sont nécessaires à la survie ont été inscrits dans notre cerveau comme très nécessaires et hautement récompensant. C’est le cas du sucre et des graisses. Or, pour certaines personnes le sucre et les graisses peuvent se convertir en substances addictives. La boulimie est de type addictif : calmer une souffrance en ingérant des quantités déraisonnables de nourriture devient petit à petit un mode d’apaisement et de gestion du stress. Chez les personnes anorexiques, au contraire c’est le jeûne qui procure du plaisir. Les troubles du comportement alimentaire sont très intriqués avec une souffrance psychique, que l’on retrouve chez les personnes addictives.
  • La passion amoureuse se transforme en un comportement addictif complexe lorsqu’elle devient la préoccupation permanente. Notre intelligence, notre motivation, notre sensibilité sont tournées vers l’objet d’amour et le plaisir sexuel qu’il nous apporte. Ce phénomène s’autorégule en quelques mois car on ne peut fonctionner "en surrégime" très longtemps.
  • L’addiction au sexe et à la pornographie existe lorsque la décharge sexuelle devient un moteur permanent et lorsque l’on continue malgré toutes les conséquences (maladies sexuellement transmissibles, séparation d’avec le conjoint, perte de contrôle). L’addiction au sexe est temporaire au début de la passion amoureuse.
  • L’addiction aux jeux de hasard et d’argent découle d’une simple pratique sociale ou récréative au départ. Les jeux de hasard et d’argent font appel à un mécanisme de récompense simple.
  • Les addictions aux jeux vidéo, à internet, aux écrans font intervenir des déterminants individuels beaucoup plus complexes que dans une addiction basique.
  • L’addiction au travail fait appel à une vulnérabilité individuelle. Pour certaines personnes, il est plus valorisant, plus excitant, plus gratifiant de passer ses journées, ses week-ends à travailler plutôt que de se consacrer à une vie familiale ou sociale.
  • Les achats compulsifs, comme dans le cas des addictions au travail ou aux jeux, sont au début un plaisir et une récompense que l’on s’accorde mais cela s’accompagne d’une souffrance psychologique. On bascule dans la conduite addictive dès lors que l’on répète et l’on achète des produits dont on n’a pas envie, des achats que l’on ne parvient pas à contrôler et que l’on regrette.
  • Le sport/exercice physique peut se rapprocher d’un comportement addictif dans le sens où il peut devenir une préoccupation au-delà des conséquences sociales, familiales et de santé. Il maintient la personne dans une sensation de manque et s’associe souvent à la prise de produits dopants qui aggravent l’addiction.
  • La recherche excessive du bronzage peut conduire à une conduite addictive complexe : être bronzé fait du bien (augmente les taux d’hormones endorphines) et ce besoin s’auto-entretient ("toujours plus et 365 jours par an"). Mais il est difficile de faire la part de ce qui est culturel (modes) et, comme souvent dans les comportements addictifs, le contexte socio-économique joue beaucoup.
  • La politique, la religion, peuvent potentiellement se rapprocher d’un comportement addictif lorsqu’elles prennent le pas sur tout le reste, la vie sociale, familiale, les ressources économiques de la personne et du foyer etc.

« A quoi êtes-vous accro ? » Testez-vous !

Le portail internet www.addictaide.fr, conçu par l’ensemble des associations impliquées dans le domaine des addictions et coordonné par le Pr Reynaud, rassemble pour la première fois au sein du "Village des addictions" les ressources médicales et associatives, destinées aux patients, aux familles, aux chercheurs, aux pouvoirs publics, aux entreprises. On y trouve quantité d’informations et les bonnes orientations de soins et d’accompagnement mais aussi de quoi tester une éventuelle dépendance.

Que ce soit vis-à-vis des drogues, du tabac, de l’alcool, aux jeux d’argent ou du travail… tous les tests proposés sur Addictaide.fr sont validés au niveau international. Alors que certains sont focalisés sur le produit (par exemple le test AUDIT Alcohol Use Disorders Identification Test pour évaluer une dépendance à l’alcool) ou le comportement (notamment le test Wart work addiction risk test pour l’addiction au travail), d’autres évaluent l’intensité de l’addiction.

Dès lors que l’on ressent une souffrance pour soi-même ou celle d’un proche ou que l’on se pose la question, réaliser le test est une première étape.

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Source : D’après un entretien avec le Pr Michel Reynaud, Département de psychiatrie et d'addictologie de l’hôpital Paul Brousse (Villejuif).