Tako-tsubo, du nouveau dans le syndrome des cœurs brisés

Tako-tsubo, ce nom japonais désigne une maladie du muscle cardiaque provoquée par un stress, identifiée il y a une vingtaine d’années. En 2015-2016, des études l’ont éclairé un peu plus : la totalité du myocarde ventriculaire peut être touchée, son risque de mortalité avoisine celui de l’infarctus du myocarde et il n’y a pas que des chocs émotionnels tristes ou stressants qui paralysent le cœur : la joie peut aussi le "briser".
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Le Tako-tsubo, un "faux infarctus du myocarde"

Grace aux techniques d’imagerie moderne, le Tako-tsubo (ou Takotsubo) "syndrome du cœur brisé" a été réellement décrit pour la première fois au Japon dans les années 1990. Ce nom recouvre de façon précise ce que les cardiologues appelaient auparavant les myocardites de stress voire même des affections transitoires du muscle cardiaque qui n’étaient pas repérées par les cardiologues.

Sur le plan clinique, le syndrome de Tako-tsubo évoque un syndrome coronarien aigu. Néanmoins, ce "faux infarctus de stress" ne doit pas être confondu avec un infarctus du myocarde pour plusieurs raisons. Contrairement à ce dernier, le Tako-tsubo est spontanément réversible en deux à trois semaines, sans séquelles. Ensuite, parce que leurs physiopathologies sont bien distinctes : alors que la crise cardiaque est provoquée par l’occlusion des artères coronaires due à l’athérosclérose provoquant la nécrose d’une partie du muscle cardiaque, dans le Tako-tsubo les artères coronaires sont saines (absence de sténose/rétrécissement coronaire). C’est tout un territoire du muscle cardiaque qui est concerné, sans rapport aucun avec une artère coronaire.

Que se passe-t-il lors d’un Tako-tsubo ?

Un stress intense provoque une décharge brutale de catécholamines (neurotransmetteurs dont la dopamine, l’adrénaline, la noradrénaline etc.), qui entraîne une sidération de la pointe du cœur : celle-ci ne se contracte plus. D’où une "ballonisation" transitoire du sommet du ventricule gauche évoquant la forme d’un piège à poulpes ("tako" et "tsubo") japonais. Cette affection aiguë touche la fonction de contraction (systolique) du ventricule gauche. Mais des publications récentes ont montré qu’il peut aussi affecter la totalité du ventricule et, de façon systématique, provoquer un œdème du myocarde du ventricule droit avec une atteinte fonctionnelle dans la moitié des cas (1).

Pr Damien Logeart, cardiologue à l’hôpital Lariboisière (Paris) : « Tako-tsubo ou infarctus du myocarde, dans les deux cas le tableau clinique est proche avec une douleur thoracique souvent typique, fréquemment associée à une difficulté à respirer/dyspnée (voire palpitations, nausées, vomissements, malaise, syncope) ainsi que des anomalies sur l’électrocardiogramme et une augmentation des enzymes cardiaques. Contrairement aux syndromes coronaires aigus (SCA), les patients avec une cardiomyopathie Tako-tsubo n'ont pas d’occlusion coronaire à l'examen d’angiographie coronaire. Il peut aussi être pris pour des myocardites aigues inflammatoires ou virales ».

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Source : (1) Cardiol., 2016; 117: 775-780 ; (2) N Engl J Med 2015; 373:929-938 ; (3) DOI: http://dx.doi.org/10.1093/eurheartj/ehv757 ehv757 First published online: 2 March 2016 ; (4) J Am Coll Cardiol 2009 ; 54 (2) : 180-181
D’après un entretien avec le Pr Damien Logeart, cardiologue à l’hôpital Lariboisière (Paris)