Les sportifs fâchés avec le lait

Depuis une quinzaine d'années, les sportifs sont bombardés d'informations négatives sur le lait et ses dérivés. Cette mauvaise réputation est-elle méritée ?

Peu d'aliments divisent autant les nutritionnistes que les laitages. Pour les uns, ils sont indispensables à la santé. Pour les autres, ils sont responsables de tous les maux, à commencer par les atteintes articulaires ou les difficultés digestives que rencontre un grand nombre de sportifs. Ainsi l'expression, désormais courante, "le lait de vache, c'est bon pour les veaux" est en contradiction flagrante avec l'expérience millénaire de populations qui suivent un régime abondamment lacté et s'en portent admirablement bien. On pense aux Masais d'Afrique orientale ou, plus proches de nous, aux habitants des massifs montagneux. A l'inverse, on ne peut pas dire non plus que les laitages soient indispensables à la constitution du capital osseux, parce que, là encore, on possède de multiples contre-exemples, notamment sur les continents asiatique et africain où le lait est souvent absent de l'alimentation sans que cela n'entraîne l'épidémie promise d'ostéoporose.

Le lait accusé de tous les maux

En fait, il arrive que l'on attribue au lait des méfaits qui ne sont pas directement de sa responsabilité. Par exemple, certains individus ne possèdent plus les enzymes qui permettent de digérer le lait. Ils le supportent donc mal, mais ce n'est pas pour autant que le lait est mauvais pour le reste de la population ! Il ne faut pas non plus éluder la question des modes de production : la plupart des consommateurs ne connaissent que le lait venant de vaches sélectionnées et suralimentées en protéines dans le but de doubler ou tripler la production laitière normale. Mais ce lait, devenu indigeste, provoque des diarrhées pour les veaux eux-mêmes ! On accuse aussi les diverses manipulations industrielles à but de conservation longue durée comme la stérilisation à ultra haute température (UHT), de dégrader la structure des protéines en les rendant inassimilables par l'organisme. On sait, par exemple, que la lysine et le lactose se combinent pour former un composé appelé lactulolysine. Impossible à digérer ! De plus, ce lait industriel contient des traces résiduelles d'antibiotiques et de pesticides.

Eloge de la pondération

Enfin, il y a une dernière explication aux problèmes de santé liés au lait : ce sont les abus que l'on en fait. Manger beaucoup de fromage ou autres laitages gras fait grossir. Et la consommation de lait au cours des repas est également dommageable. Il faut en effet rappeler que le lait est un aliment et non une boisson. Il ne désaltère pas et empêche même l'assimilation des minéraux. Moralité, il ne doit en aucun cas remplacer l'eau lors des repas. Ces deux types d'abus conduisent aux mêmes conséquences : prise de poids, élévation du cholestérol, ralentissement de la digestion, maux gastriques. Retenez en conclusion que le discrédit jeté sur le lait résulte souvent d'un amalgame entre le lait naturel et le lait dénaturé, doublé d'erreurs sur l'usage et les quantités. Tout cela rend le réquisitoire exagérément sévère.

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