Au soleil, attention à la photosensibilisation sous médicaments contre l’acné

Acné et soleil ne font pas bon ménage. Non seulement le rebond acnéique guette au retour des vacances, mais le risque de photosensibilisation sous certains médicaments contre l’acné doit faire redoubler de précautions vis-à-vis des ultraviolets. Revue de détail avec le Pr Brigitte Dréno, chef de service de dermatologie et directeur de l’Unité Thérapie Cellulaire et Génique (CHU de Nantes), membre du Groupe Expert Acné (GEA).
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Gare au soleil sous traitements anti-acnéiques

Acnés légères, modérées ou sévères, ne relèvent pas des mêmes thérapeutiques. « C’est le degré de sévérité de l’acné qui conditionne le choix des médicaments anti-acnéiques*, en dehors de l’hormonothérapie, explique le Pr Dreno. Mais prudence, tous ne sont pas logés à la même enseigne vis-à-vis du risque de photosensibilisation ». Sous doxycycline et isotrétinoïne, il vaut mieux se cacher du soleil.

  • En cas d’acné légère (moins de la moitié du visage est atteinte, avec quelques comédons ouverts ou fermés et quelques papulopustules**), le traitement d’attaque est toujours local et comporte, isolés ou associés, un rétinoïde (composé chimique dérivé de la vitamine A) et le peroxyde de benzoyle. Pas d’inquiétude, aucun n’est photosensibilisant. Néanmoins, parce qu’ils assèchent légèrement l’épiderme et amenuisent la couche cornée, la sensibilité de la peau aux coups de soleil est exacerbée. D’où une application plutôt le soir.
  • En cas d’acné modérée (plus de la moitié du visage est atteinte, avec de nombreuses papulopustules et comédons, voire de rares nodules formant des monticules sous la peau), un traitement par voie orale est prescrit. Il s’agit d’antibiotiques de la famille des cyclines en cures de trois mois, associés soit à un traitement local par rétinoïdes, soit à du zinc (en gélules, non photosensibilisant). Or, de toutes les cyclines, la doxycycline est la molécule la plus à risque de réaction phototoxique, une très faible dose de soleil suffisant alors à provoquer des réactions de type "coups de soleil". C’est pourquoi, « maintenir un traitement par une cycline est délicat pendant l’été, reconnait le Pr Dréno, surtout lorsque le lieu de villégiature est fortement ensoleillé, en bord de mer ou à la montagne. Dans ce cas, soit on la remplace par la lymécycline, moins à risque de photosensibilisation, soit le traitement doit être interrompu et compensé par des applications de rétinoïde ».
  • Dans les acnés sévères (tout le visage est atteint, couvert de nombreuses papulopustules, comédons et rares nodules), et les acnés très sévères (très inflammatoires, le visage est recouvert de nodules), « l’isotrétinoïne orale reste le traitement de choix, en seconde ligne seulement, après échec d’une antibiothérapie orale associée à un traitement local, précise la dermatologue. Néanmoins, l’utilisation d’emblée de l’isotrétinoïne est admise en cas de risque de cicatrices ». Or l’isotrétinoïne est à fort risque de photosensibilité de la peau. La poursuite du traitement doit se faire à la seule condition de fuir le soleil et de s’en protéger par une crème anti-UV minimum SPF50+. C’est pourquoi un traitement par isotrétinoïne ne sera jamais débuté en fin de printemps-début d’été. Une autre raison est qu’il faut se laisser le temps de tester la réaction de la peau avant de s’engager sur une cure de longue durée.
  • Quant au traitement hormonal de l’acné, la pilule contraceptive Diane 35 est de nouveau disponible depuis 2014, suspendue quelques mois en 2013 en France. L’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) la recommande uniquement en seconde intention de l’acné modérée à sévère. Elle n’a aucune contre-indication avec le soleil.

Site utile : http://dermato-info.fr/article/Acne/Les_traitements

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Source : *Development and evaluation of   a global acne severity scale (GEA scale) suitable for France and Europe. J Eur Acad Dermatol Venereol, 2011 25:43-48 ; ** boutons avec un contenu liquide trouble du fait de la présence de globules blancs polynucléaires