Le sida et le Truvada® : qu’est-ce qui va changer ?

Après trois ans de démarches de la part d’AIDES et deux essais cliniques qui démontrent l’efficacité du Truvada ® pour limiter la contamination par le VIH en cas de rapport sexuel non protégé, ce médicament sera enfin accessible en 2016 et pris en charge à 100% par la Sécurité sociale. Une avancée majeure -annoncée une semaine avant la journée mondiale de lutte contre le sida, le 1er décembre- car elle cible ceux chez qui l’épidémie continue de progresser.
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Le Truvada®, qu’est-ce que c’est ?

Le Truvada ®* est le nom du médicament qui permet d’éviter, du moins de limiter très fortement le risque de contamination par le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) responsable du sida ( syndrome immunodéficitaire acquis) en cas de rapport sexuel non protégé avec quelqu'un qui est séropositif. Les données scientifiques démontrent l’efficacité de ce médicament pris avant le rapport sexuel, c’est-à-dire en « prophylaxie pré-exposition » (PrEP), pour prévenir la transmission du VIH. Indiqué dès 2005 comme traitement chez les personnes infectées par le VIH, il combine deux antiviraux (ténofovir/emtricitabine) qui empêchent la réplication du virus.

Aurélien Beaucamp, président de l’association AIDES : « Deux essais, PROUD au Royaume-Uni et IPERGAY en France**, ont conclu à une efficacité de la molécule de l’ordre de 86%. Mais comme l’observance dans la prise du traitement n’a pas été optimale dans Ipergay (prise à la demande), on peut espérer une efficacité encore supérieure ».

La PrEP est d’ores et déjà disponible aux Etats-Unis (depuis 2012), au Luxembourg et au Royaume-Unis. Un traitement d’un mois coûte près de 500 euros (30 comprimés/6000 euros/an), intégralement pris en charge par l’Assurance Maladie. Par comparaison, le prix d’un traitement curatif à vie par trithérapie antirétrovirale est d’environ 12 000 euros/an. Le remboursement à 100% évite l’écueil d’une prévention à deux vitesses. Mais son prix pourrait bien baisser dans 12 à 18 mois, lorsque le brevet tombera dans le domaine public, autorisant ses formes génériques.

Comment obtenir le Truvada® ?

Marisol Touraine, Ministre en charge de la santé, l’avait annoncé le 23 novembre 2015. Et en effet, depuis le 4 janvier 2016, le Truvada® peut être utilisé dans le cadre d'une RTU (recommandation temporaire d'utilisation), c’est-à-dire la possibilité, à titre transitoire, d'utiliser un médicament en dehors des champs de prescription prévus lors de son autorisation de mise sur le marché, en l’occurrence ici chez des personnes séronégatives et non plus uniquement séropositives qui ont donc le sida.

Cette RTU sera remplacée dans les semaines à venir par une autorisation de mise sur le marché (AMM) en bonne et due forme, qui vient d’être accordée le 22 août 2016 par l’Agence Européenne du Médicament (EMA). Cela ne changera rien aux conditions de prescription.

Un arrêté publié le 10 juin 2016 au Journal officiel a étendu la possibilité de prescription de TRUVADA comme traitement préventif de l'infection par le VIH aux médecins exerçant dans les CeGIDD (centres gratuits d'information, de dépistage et de diagnostic)***. AIDES salue cette décision : "notre association se bat depuis longtemps pour faire connaître cet outil, et pourra désormais œuvrer à sa dispensation : à Marseille par exemple, le CeGIDD piloté par AIDES pourra bientôt ouvrir ses premières consultations PrEP."

La PrEP est un médicament et, pour cette raison, sa prescription nécessite un suivi médical. Truvada® peut provoquer des effets secondaires comme des maux de tête et d’estomac, une perte de poids voire une acidose lactique (accumulation d'acide dans le sang), des troubles hépatiques et rénaux etc.

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Source : *coordonné par le Pr Jean-Michel Molina, chef du service de maladies infectieuses de l’hôpital Saint-Louis (Paris), sous l’égide de l’Agence nationale de recherche sur le sida (ANRS) et avec le soutien de l’association Aides sur une cohorte de près de 400 hommes homosexuels volontaires
**Truvada®, commercialisé par le laboratoire Gilead Sciences
*** www.cegidd.fr/index.html
D’après un entretien avec Aurélien Beaucamp, président de AIDES www.aides.org