Et si on s'empoisonnait à coup de colorants ?

Il y a déjà longtemps que l'on suspecte certains colorants alimentaires et autres additifs d'avoir des effets nocifs, plus particulièrement sur le comportement des enfants, dont l'hyperactivité. Quelques-uns ont été retirés du marché, beaucoup d'autres perdurent.
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Colorants alimentaires et hyperactivité : quelle relation ?

De quoi les accuse-t-on ? D'augmenter l'hyperactivité et l'impulsivité des enfants, de favoriser les troubles de leur attention. Autrement dit, tout ce qui fait qu'un enfant est particulièrement insupportable, ne tient pas en place, a des difficultés d'apprentissage, notamment pour la lecture, et donc des problèmes à l'école. Cet état est souvent considéré comme un trouble comportemental. On le nomme TDHA, Trouble déficitaire de l'attention avec (ou sans) hyperactivité. Pour le moment, on en ignore encore les origines : psychologique, génétique, neurologique, les trois en même temps ? On se pose aussi la question de l'influence des colorants alimentaires. On estime qu'elle atteindrait entre 3 et 6 % des enfants, a minima. Elle se soigne notamment avec un médicament, le méthylphénidate (Ritaline), substance inscrite sur la liste des stupéfiants. Et elle peut subsister chez les adultes.

La preuve par l'expérience

Les résultats d'une étude commandée par la Food Standard Agency britannique (l'équivalent de notre ANSES, Agence de sécurité sanitaire des aliments) viennent d'être publiés. Ils sont sans appel. 153 enfants âgés de 3 ans et 144 enfants de 8/9 ans de Southampton en ont été les cobayes. Choisis dans les garderies et les écoles, aucun d'eux ne souffrait du moindre TDHA. A certains, on a administré des boissons contenant différents mélanges et doses (identiques à celles contenues dans deux à quatre paquets de 56 g de bonbons) de ces colorants : jaune orangé S (E 110), carmoisine (E 122), tartrazine (E 102), Ponceau 4 R (E 124), jaune de quinoléine (E 104), rouge allura (E 129) et du benzoate de sodium (E 211), un conservateur. A d'autres, on a donné un jus de fruit placebo, complètement naturel, de façon à pouvoir faire des comparaisons. On a mis en place en même temps toute une batterie de tests jugeant des degrés de l'hyperactivité, de l'impulsivité et des troubles de l'attention. Résultats : chez les enfants qui avaient absorbé les boissons colorées assaisonnées de benzoate de sodium, le niveau d'hyperactivité a indiscutablement augmenté, et ce même s'ils n'avaient pas absorbé toute la boisson. Est-ce les colorants uniquement ? Est-ce l'association de ceux-ci et du benzoate de sodium ? Pour le moment, on ne sait pas.

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Source : McCann et coll., The Lancet, 6 septembre 2007, édition accélérée en ligne. http://www.eufic.org/article/en/artid/hyperactivity-artificial-food-colours/