Sexualité et maladie cardiovasculaire : ne pas s’abstenir !
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Le septième ciel en deux étages

Comme toute activité physique, l’activité sexuelle est bénéfique sur la santé cardio-vasculaire, mais aussi d’une manière plus générale sur la santé psychique, dixit l’Organisation Mondiale de la Santé. La pratique régulière du sport et la rééducation cardio-vasculaire après un accident cardio-vasculaire divisent par deux le risque d’accident cardiaque pendant l’activité physique et pendant l’acte sexuel (6), car le cœur et les artères se ré-entraînent à l’effort. Le risque de déclencher un syndrome coronaire aigu (infarctus du myocarde/crise cardiaque, dissection aortique …) à la suite d’une activité sexuelle est alors peu élevé surtout si le patient pratique une activité physique régulière.

Pr Claire Mounier-Vehier : « Les endorphines de bien-être libérées par le sport et l’activité sexuelle sont relaxantes car elles baissent la pression artérielle. Une fois la situation cardiaque stabilisée et après la rééducation cardiovasculaire, non seulement l’activité sexuelle est possible mais je l’encourage. Celle-ci ne doit pas être limitée si le patient peut réaliser 60 Watts sur bicyclette ou monter deux étages à bon rythme (en 10 secondes) avec une bonne tolérance (7) ».

6 facteurs de risque d’accident cardiaque au cours de l’activité sexuelle

S’il n’y a pas de positions sexuelles à éviter, il vaut mieux différer l’activité sexuelle dans certains syndromes coronaires aigus (d’une à plusieurs semaines selon la taille de l’infarctus du myocarde et des symptômes) et idéalement après la rééducation cardio-vasculaire. En cas de sternotomie (ouverture du sternum) et de pontage vasculaire, un délai incompressible de 6 à 8 semaines est imposé et là aussi la sexualité peut reprendre après la rééducation cardio-vasculaire. Quelques jours d’abstinence suffisent après une angioplastie non compliquée programmée (rétablissement de la circulation artérielle en dilatant le rétrécissement de l’artère coronaire).

En résumé, lorsque le risque d’accident cardiaque est élevé c’est-à-dire en cas de situation cardiaque instable (post-infarctus immédiat, hypertension non-contrôlée, anévrisme aortique important, dissection aortique) et en cas de chirurgie (remplacement d’une valve cardiaque, pontage coronaire …), pas de sexe ni d’activité physique tant que la situation n’est pas stabilisée ! C’est le cardiologue qui donnera son feu vert, comme pour toute activité physique d’ailleurs.

Quant aux personnes ayant fait un accident cardio-vasculaire mais qui sont à risque modéré (syndrome métabolique, cœur insuffisamment irrigué/"angor" mais modéré et stable, après une angioplastie compliquée, une crise cardiaque récente (entre 2 et 6 semaines), un trouble du rythme cardiaque comme une fibrillation atriale) ce sera du cas par cas ; la sexualité ne sera pas proscrite mais pourra être seulement différée.

Quoi qu’il en soit, 6 facteurs exposent à un sur-risque de nouvel accident sous la couette :

  • Le fait d’être sédentaire.
  • L’usage de drogues illicites (cocaïne, amphétamines …).
  • L’alcool.
  • Un nouveau partenaire.
  • Un partenaire plus jeune.
  • La relation extraconjugale (l’interdit est excitant, or dans le risque cardiaque pendant l’acte sexuel, l’aspect émotionnel joue beaucoup).
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Source : Tout sur « Sexualité et maladies cardiovasculaires » : www.fedecardio.org
A voir absolument sur ce site  : la vidéo de la réalisatrice Maïwenn (#Préjugés)
D’après un entretien et la conférence du Pr Claire Mounier-Vehier, Chef du Service de Médecine Vasculaire et Hypertension Artérielle à l'hôpital Cardiologique du CHRU de Lille et présidente de la Fédération Française de Cardiologie aux Journées Européenne de la Société Française de Cardiologie (janvier 2016)
**Diurétiques, bétabloquants d’ancienne génération, statines à fortes doses…
**Certains antihypertenseurs, la spironolactone, les diurétiques.
(1) Lindau S et al. Substudy Registre TRIUMPH Am J Cardiol. 2012 May 15; 109(10): 1439–1444; (2) Lindau ST et al. Circulation 2014 Dec 23 ; 130 (25) : 2302-9; (3) BEH, février 2014; (4) Arch Cardiovasc Dis. 2012 ; 105 : 309-28; (5) Appl Nurs Res 2015 Aug ; 28 (3) : 244-50; (6) Recommandations American Heart Association Circulation 2012; (7) Pavy B et al. Arch Cardiovasc Dis 2012. 105-309-28