Sclérose en plaques : le virus Epstein-Barr est-il en cause ?

Des chercheurs viennent de mettre en évidence une association entre l'infection par le virus Epstein-Barr et le risque ultérieur de développer une sclérose en plaque. Autre découverte, thérapeutique cette fois, les statines pourraient se révéler efficaces dans la forme rémittente.

Une élévation du virus d'Estein-Barr* dans le sang précèderait de quelques années l'apparition d'une sclérose en plaque (SEP).Cette constatation provient d'une étude américaine** réalisée à partir d'une population de plus de 3 millions de militaires américains, chez lesquels des échantillons de sang ont été prélevés entre 1988 et 2000 puis conservés. Ultérieurement, dans un délai d'environ 4 ans, 83 cas de SEP ont été identifiés. Les auteurs ont recherché dans le sang de ces patients la présence du virus d'Epstein-Barr, à l'aide d'anticorps spécifiquement dirigés contre ce virus.Comparés à un groupe de sujets témoins, c'est-à-dire indemnes de cette maladie, les patients ayant développé une SEP ont un taux d'anticorps anti-virus Epstein-Barr plus élevé. Ces taux élevés d'anticorps étaient également présents dans les échantillons prélevés 4 ans auparavant. Ainsi, en fonction de ce niveau d'anticorps, le risque d'être atteint d'une SEP peut être multiplié par 20 à 34. Le risque de SEP, déterminé par une forte concentration de virus Epstein-Barr, serait donc identifiable bien avant le développement des premiers signes de la maladie.

Statines anti-SEP ?

Un traitement par une statine, la simvastatine, aujourd'hui couramment utilisée contre l'excès de cholestérol, permettrait de diminuer les lésions cérébrales observées dans la forme rémittente de la SEP.Grâce à l'IRM (imagerie par résonance magnétique nucléaire), l'évolution des détériorations cérébrales de patients atteints de SEP a pu être régulièrement suivie. Chez les personnes traitées par simvastatine, les lésions actives ont diminué, à la fois en nombre et en volume. Pour l'instant, aucun effet indésirable n'a été noté.

D'autres études sont maintenant nécessaires afin de confirmer l'efficacité et l'innocuité de cette statine, mais ces résultats sont très encourageants. La forme rémittente de la SEP est la plus précoce et la plus courante. Elle se caractérise par des poussées entrecoupées de rémission, pouvant durer de quelques mois à des années avant que la maladie ne devienne secondairement progressive. Actuellement, l'interféron constitue le seul recours thérapeutique pour ces patients. Or son efficacité est aujourd'hui discutée et cette molécule n'est pas dénuée d'effets secondaires indésirables.

* Ce virus est un Herpès virus qui infecte plus de 90% de la population adulte. Il est notamment impliqué dans la mononucléose infectieuse.** Lynn Levin, US Army Physical Disability Agency, Washington.

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Source : JAMA, 289 (12) : 1533-1536, 26 mars 2003.