Sportifs : la liste noire des médicaments à éviter !

Ingérer des médicaments pour améliorer ses capacités sportives, c'est tentant. Mais en plus d'être illégal, cela peut mettre votre santé en péril. On vous explique pourquoi.
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Qu'ils soient amateurs, professionnels ou semi-professionnels, de nombreux sportifs cherchent à améliorer leurs performances. Certaines substances permettent d'augmenter les capacités physiques, au rang desquelles plusieurs médicaments.

Mais à quel prix ? En plus d'être interdites par l'Agence mondiale antidopage (AMA), certaines comportent des risques réels pour la santé de ceux qui les prennent. Se doper, c'est donc s'exposer à des complications parfois lourdes. Car, rappelons-le, aucun médicament n'est dénué d'effets secondaires.

A noter qu'en cas de doute, un moteur de recherche permet de savoir si son médicament fait l'objet ou non d'une interdiction.

1/ Les substances interdites

- Les stéroïdes anabolisants :

Souvent associés au monde du body-building, les stéroïdes anabolisants sont, à l'origine, indiqués dans le traitement des retards de croissance et d'autres pathologies spécifiques. Mais leur usage détourné est sans doute le plus connu.

A quoi ça sert ? Ces médicaments permettent d'augmenter la masse musculaire tout en diminuant la masse graisseuse. Ce qui en fait une méthode de dopage particulièrement populaire dans les disciplines exigeant force, vitesse et une masse musculaire précise.

Pourquoi les éviter ? Chez l'homme, la prise prolongée d'agents anabolisants provoque une atrophie testiculaire, une impuissance, voire une stérilité. Dans certains cas, une gynécomastie peut s'observe. Chez la femme, les caractères virils vont se faire plus présents : stature plus masculine, barbe, voix plus grave, troubles menstruels et hypertrophie du clitoris.Au-delà de ces aspects sexués, les médicaments anabolisants favorisent les troubles cardiovasculaires (athérosclérose, infarctus, AVC), les maladies du foie mais aussi un trouble d'élimination du sodium. Sur le plan psychologique, agressivité, dépression et troubles de la libido ne sont pas rares.

- L'EPO

L'érythropoïétine (EPO) est très connue pour avoir été utilisée dans le milieu du cyclisme, mais aussi par la Juventus de Turin dans les années 1990. Cette hormone, produite par les reins, stimule la production de globules rouges dans la moelle osseuse.

A quoi ça sert ?  Grâce à cet effet stimulant, les muscles sont mieux approvisionnés en oxygène. Cela permet d'améliorer son endurance… mais aussi de récupérer ses forces plus rapidement. En effet, le dioxyde de carbone est mieux évacué. Cela en fait un produit de dopage idéal pour les sports d'endurance (course de fond, cyclisme, ski de fond, etc).

Pourquoi l'éviter ? Par son action directe sur le système circulatoire, l'EPO perturbe la viscosité du sang, qui se fait plus épais. Elle favorise donc les obstructions des vaisseaux sanguins – et donc les thromboses, les infarctus et les AVC. A long terme, il existe aussi un risque d'hypertension artérielle… voire de cancer de la moelle osseuse.

- Les traitements de l'asthme

Si vous souffrez d'asthme, prenez garde aux médicaments que vous absorbez –et ce même entre deux compétitions. Salbutamol, tulobutérol, higénamine et d'autres bêta-2-agonistes sont interdits en permanence.

A quoi ça sert ? Les bêta-2-agonistes améliorent la respiration en dilatant les voies respiratoires. Un mécanisme utile lors d'une crise, mais aussi dans les sports d'endurance (cyclisme, natation, athlétisme, etc) qui exigent un meilleur apport en oxygène.

Mais ces médicaments ont aussi tendance à stimuler la croissance musculaire et à faire fondre les graisses. Certains sportifs y voient donc une alternative aux stéroïdes, car ils ont moins d'effets indésirables androgènes.

Pourquoi les éviter ? Moins actifs sur le plan hormonal, les bêta-2-agonistes ont tout de même des effets secondaires lourds. Ils favorisent une transpiration excessive, les tremblements musculaires et les palpitations. Comme ils stimulent la libération de glucose par le foie, une hyperglycémie peut aussi se produire. Ces médicaments sont aussi à haut risque pour le cœur : la consommation accrue en oxygène provoque une accélération du rythme cardiaque, pouvant déclencher une angine de poitrine, voire même des troubles du rythme à cause d'une moindre concentration de potassium dans le sang.

- Les modulateurs hormonaux

Derrière ce nom barbare se cachent des médicaments souvent utilisés, qui agissent sur les hormones ou le métabolisme. Sont concernés certains traitements du cancer (tamoxifène, létrozole, etc) mais aussi l'insuline ou encore les inhibiteurs de la myostatine. En médecin, ils peuvent servir à limiter la prolifération d'une tumeur sensible aux hormones ou encore à traiter un diabète insulino-résistant.

A quoi ça sert ? Dans le milieu sportif, ces mêmes molécules ont utilisées parce qu'elles contrent les effets des stéroïdes anabolisants. Très prisées dans le milieu du culturisme, elles sont aussi utilisées dans les sports de force et de combat (haltérophilie, boxe, endurance, etc). L'insuline, elle, empêche la perte de masse musculaire et compense la captation de glucose dans les muscles. Lorsqu'elle est synthétique, elle augmente l'endurance de force et de performance.

Pourquoi les éviter ? Ces traitements ont des effets secondaires assez larges. Les anti-œstrogènes favorisent bouffées de chaleur, troubles de la vision, douleurs abdominales ou encore saignements vaginaux. Un surdosage d'insuline peut aussi provoquer palpitation, agitation et tremblements. A long terme, un diabète peut se produire.

- Les diurétiques

Indiqués contre l'hypertension, l'insuffisance cardiaque ou encore les œdèmes, les diurétiques (desmopressine, probénécide, acétaolamide, etc) sont aussi détournés de leur usage d'origine par les sportifs pour plusieurs raisons.

A quoi ça sert ? Ces médicaments sont interdits d'abord parce qu'il s'agit d'agents masquants, c'est-à-dire qu'ils faussent les résultats des tests antidopage. Mais ce n'est pas tout : en augmentant l'élimination d'eau par l'organisme, l'urine est diluée et le poids réduit. Les sports où des catégories de poids existent sont donc très concernés par ce dopage : boxe, lutte, judo ou encore haltérophilie.En culturisme, ces médicaments sont utilisés avant les compétitions pour "sécher" artificiellement le corps et améliorer le dessin des muscles.

Pourquoi les éviter ? Le problème, c'est que les diurétiques perturbent l'équilibre hydro-électrolytique du corps, provoquant chutes de tension, troubles du rythme cardiaque et collapsus cardiovasculaire. Des crampes musculaires de forte ampleur se produisent aussi.Leur abus peut aussi avoir des effets lourds sur les systèmes gastro-intestinal et rénal. Les reins peuvent être endommagés au point d'atteindre le stade de l'insuffisance.

- Les glucocorticoïdes

Prisés pour leurs effets antalgiques et anti-inflammatoires, les glucocorticoïdes (prednisolone, cortisone, dexaméthasone, etc) sont strictement encadrés lors d'une pratique sportive. Interdits en compétition, ils ne doivent être utilisés sous aucune forme.

A quoi ça sert ? Cette fois, ces médicaments sont utilisés justement pour leur indication officielle. Lors de l'exercice, ils limitent la sensation de douleur et de fatigue, mais aussi l'inflammation qui peut se produire. "On peut dire que l'utilisation abusive des glucocorticoïdes concerne toutes les disciplines sportives", précise l'Organisation anti-dopage de la fédération Wallonie-Bruxelles.

Pourquoi les éviter ? Les glucocorticoïdesont une action multiple, et donc de nombreux effets secondaires. Les plus connus sont une fragilisation des tendons et des muscles, mais aussi des os. Paradoxalement, leur abus peut favoriser les blessures. Mais ces médicaments peuvent avoir des répercussions au quotidien. Un détournement chronique augmente considérablement le risque d'infection, de diabète ou encore de maladie des yeux. Ils favorisent aussi l'obésité abdominale.

- Les bêtabloquants

Les bêtabloquants (propranolol, bisoprolol, timolol, etc) ont une utilité très large : maladies cardiovasculaires, glaucome chronique, mais aussi migraines et stress chronique. Ces médicaments sont pris très au sérieux par l'Agence mondiale antidopage (AMA), qui les a interdits en permanence dans les sports de visée comme le tir ou le tir à l'arc.

A quoi ça sert ? Les bêtabloquants sont utilisés pour leur effet calmant sur le système cardiovasculaire. Ils réduisent la fréquence cardiaque et les tremblements, ce qui intéresse les disciplines nécessitant précision et concentration. Mais ils ont aussi un effet majeur sur l'anxiété et la nervosité, ce qui en fait un atout dans les sports moteur ou de neige.

Pourquoi les éviter ? Cet effet calmant peut, à long terme, avoir des effets très lourds. Les bêtabloquants inhibent l'activité du système nerveux sympathique et peuvent provoquer insuffisance cardiaque, crises d'asthmes, troubles de l'érection… voire tendances suicidaires.

2/ Certains compléments alimentaires

Après plusieurs cas d'effets indésirables, l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) s'est penchée sur le cas des compléments alimentaires destinés aux sportifs. Un travail titanesque, tant ceux-ci sont nombreux. Il est vivement conseillé de demander l'avis d'un professionnel de santé avant d'y recourir.

A quoi ça sert ? La plupart de ces compléments alimentaires sont censés améliorer le développement de la masse musculaire ou diminuer la masse grasse. Ils y parviennent avec une efficacité variable. L'Anses a d'ailleurs appelé à se méfier des produits commandés sur Internet.

Pourquoi les éviter ? Le dispositif de nutrivigilance mis en place par la France a permis de recueillir 49 signalements d'effets secondaires possiblement liés à ces compléments alimentaires. Et ils n'ont rien d'anodins puisqu'ils consistaient surtout en des troubles cardiovasculaires (tachycardie, arythmie, AVC) et psychiques (troubles de l'humeur ou anxieux). Des atteintes au niveau de la fonction rénale ou hépatique ont également été constatées dans certains cas.

3/ Des médicaments en vente libre

- L'ibuprofène

Très utilisés pour ses effets antalgiques et anti-inflammatoires, l'ibuprofène est en vente libre en pharmacie. Et donc régulièrement mis à profit par les sportifs en phase de récupération…

Pourquoi l'éviter ? A long terme, l'ibuprofène favorise les saignements gastro-intestinaux et fragilise le système digestif. Ils ont aussi un effet inhibiteur sur l'ovulation bien documenté, ce qui peut diminuer la fertilité des femmes. Plus récemment, une équipe de l'Inserm a fait état d'un risque de déséquilibre hormonal chez les jeunes hommes : l'hypogonadisme compensé. Ce trouble, qui touche surtout les hommes âgés, se caractérise par une moindre capacité à procréer.-

- L'éphédrine ou la pseudo-éphédrine

L'éphédrine est un produit stimulant qui est souvent inclus dans les médicaments contre la grippe ou les rhumes. Parfois, la pseudo-éphédrine est utilisée à la place. Ils ont l'intérêt de dilater les bronches et d'apaiser l'irritation des muqueuses.

Mais dans la mesure où il s'agit d'un stimulant, cette substance est interdite en compétition. Pour ne pas être contrôlé.e positif ou positive, il est nécessaire d'arrêter la prise du médicament 48 heures avant la compétition.

Pourquoi l'éviter ? Plusieurs effets indésirables liés à la prise d'éphédrine ou de pseudo-éphédrine ont été rapportés. AVC, infarctus, arythmies ou encore convulsions… la liste est longue. Des troubles à long terme peuvent aussi survenir, comme une hypertension artérielle ou un allongement de l'intervalle QT – qui permet de mesurer le bon fonctionnement du muscle cardiaque.

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Source : Organisation nationale antidopage de Wallonie-Bruxelles
Moteur de recherche sur les produits dopants, Agence française de lutte contre le dopage
Liste des substances et méthodes interdites, Agence mondiale antidopage