Et si on arrêtait avec la Pravda ?

La « Pravda », ou vérité en russe, symbolisait la façon dont l’Union Soviétique traitait de l’information publique, en ne mettant en avant qu’une seule vérité : celle du parti unique. Après le scandale du Médiator, nous réformons l’agence du médicament (AFSSAPS) en profondeur. Mais ne faut-il pas aller plus loin encore ?

Le site Internet santé le plus visité au monde est celui du NIH ou National Institutes of Health. Pourquoi ? Parce que sur ce site, l’Etat américain met à disposition du public toutes les informations disponibles sur toutes les maladies (en anglais bien sûr). L’information est triée, mais pas censurée. Tout citoyen est considéré comme un adulte capable de se faire son opinion à partir des sources qu’on lui donne. Ceci est fondamental.

De même, lors de décisions d’experts, il est habituel de publier les taux d’avis « pour » et les taux d’avis « contre ». Cela permet de se rendre compte de la nature des débats et des points qui ne font pas l’unanimité.

La culture française du consensus

En France, nous avons une autre culture qui est celle du consensus. Une position est prise à la majorité et une seule vérité se dégage du travail des experts. Pourtant, les experts ne sont pas tous d’accord entre eux. Pis, quand on commence à suspecter un problème comme celui du Médiator, c’est le plus souvent une minorité d’experts qui signale des doutes.

Dans la réforme de l’Agence du médicament, on met en avant la nécessaire transparence des experts qui doivent signaler leurs conflits d’intérêt, notamment avec l’industrie pharmaceutique. C’est tout à fait normal, mais est-ce suffisant ? Si cette culture du consensus persiste, nous resterons incapables de voir venir les problèmes en amont. Pis, en éliminant les experts qui travaillent avec l’industrie pharmaceutique, nous nous priverons bien souvent des meilleurs éléments, alors obligés de chercher des financements pour leurs recherches auprès des industriels du médicament. Ne vaudrait-il pas mieux leur demander de signer toutes leurs prises de positions et de les rendre publiques ? Il faudrait dans ce cas autoriser l’expression « je ne sais pas » ou « je n’ai pas d’avis », ce qui est tout aussi important pour la recherche d’une décision collégiale.

De même, pour les sites Internet publics, ne faudrait-il pas s’autoriser à plus de liberté et offrir aux utilisateurs des informations riches, même si elles peuvent être discordantes parfois. Ne peut-on pas autoriser la référence à des sources plus variées que celles des sites officiels qui se référencent mutuellement ?

Il serait important de prendre enfin les Français pour des adultes et de se mettre à leur service. C’est ce que nous essayons de faire sur e-sante.fr, du mieux que nous pouvons.

Source : www.nih.gov

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