Crème solaire : la vérité sur les produits de protection solaire

Sprays, crèmes, huiles, produits conventionnels ou biologiques... les produits de protection solaire sont-ils tous aussi protecteurs vis-à-vis des UV ? Faut-il les appliquer à l’avance pour éviter le coup de soleil ? Peut-on se fier aux indices "SPF" inscrits sur les emballages ? Le Dr Céline Couteau, spécialiste en cosmétologie à la faculté de pharmacie de Nantes, démêle le vrai du faux sur la crème solaire.
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Peut-on se fier au facteur de protection solaire inscrit sur le flacon ?

C’est là que le bât blesse. De nombreux produits de protection solaire ne remplissent pas leur contrat. Il y a en effet bien des surprises entre le facteur de protection solaire (SPF- Sun Protection Factor) annoncé et la valeur réelle obtenue en laboratoire, dont celui du Dr Céline Couteau mais aussi de sa consœur Laurence Coiffard, professeur en galénique et cosmétologie (Université de Nantes). Depuis 10 ans, comme d’autres chercheurs américains, elles dénoncent les différences entre les valeurs mesurées et celles annoncées par le fabricant. Celles-ci peuvent aller jusqu’à 50% en moins, surtout pour les SPF élevés (50 et 50+) et les produits "biologiques" (minéraux). Mais en général, les différences sont moindres, par exemple des SPF de 45 pour une valeur affichée de 50.

En juillet 2016, l’association UFC-Que Choisir a décidé de porter plainte contre cinq fabricants pour "de graves carences" en termes de protection vis-à-vis des UV de plusieurs produits solaires pour enfants pourtant étiquetés SPF 50 et SPF 50+.

Néanmoins, les produits des grandes marques contenant des mélanges de filtres organiques (très souvent appelés improprement filtres chimiques) et/ou inorganiques (égalés dénommés filtres minéraux) sont d’une qualité globalement correcte selon ces deux expertes. Se fier aux indices SFP reste la norme. Attention, certaines marques ont créé leur propre coefficient de protection, hors du cadre règlementaire et sans aucune garantie de protection officielle. A fuir impérativement !

Dr Céline Couteau : « Pourquoi tant de différences ? Les tests d’efficacité réalisés sont de deux sortes : in vivo, sur la peau de volontaires, ou in vitro en laboratoire, en étalant une quantité définie de produit sur une plaque traversée par les rayons ultraviolets. On mesure ensuite la quantité d’UVB et d’UVA qui la traversent. Chauffer la plaque ou réaliser d’autres manipulations ne sont pas des méthodes scientifiques validées. Les industriels préfèrent les tests in vivo, notamment parce que les filtres UV possèdent un effet anti-inflammatoire qui masque la rougeur. Or, c’est l’apparition de cet érythème qui permet de quantifier le niveau de protection. Impossible de faire jouer cette astuce avec les tests in vitro. D’où des niveaux de protection obtenus in vivo supérieurs aux tests in vitro et qui sont favorables aux industriels : grâce à ce type de test ils obtiennent un niveau de protection supérieur en utilisant des quantités de filtres moindres. Nous nous battons depuis des années et nous publions des articles scientifiques* en faveur de la méthode in vitro, la seule qui soit fiable et reproductible ».

Que font des ingrédients anti-inflammatoires dans la crème solaire ?

Les filtres anti-UV ont des propriétés anti-inflammatoires propres. L’ajout de molécules (bisabolol, allantoïne) ou d’extraits végétaux (extrait de réglisse, de Pongamia, de thé…) ou même d’eaux thermales accroit la capacité anti-inflammatoire de l’ensemble du produit. Cela limite les rougeurs cutanées et par là même, le coup de soleil (érythème solaire). Mais c’est surtout dangereux : il ne faut pas oublier que ces réactions sont des sentinelles bien utiles, qui nous alertent d’une exposition solaire trop longue ou d’une protection insuffisante. Agir sur l’inflammation par le biais d’une crème solaire est donc à double tranchant, et peut nous faire croire à tort qu’un produit est efficace. Un effet psychologique utilisé par certains industriels. D’autant que l’effet anti-inflammatoire dure toute la journée, contrairement à l’effet des filtres qui est limité dans le temps.

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Source : D’après un entretien avec le Dr Céline Couteau, spécialiste en cosmétologie et maître de conférences à la faculté de pharmacie de Nantes.