Mélanome : le 26 mai, on montre sa peau pour la sauver

Au-delà d’un joli bronzage, d’un moral dopé, le rayonnement solaire peut devenir un ennemi. Au soleil, se protéger est la règle n°1. La règle n°2 est de passer son corps au peigne fin, pour repérer au plus tôt toute tumeur débutante et réagir à temps. Alors que le mélanome poursuit sa progression, le 26 mai, plus de 600 dermatologues dans toute la France vous examineront gratuitement à l’occasion de la journée nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau.
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Soleil, je t’aime… moi non plus !

Alors que depuis trente ans les cancers de l'estomac, du col de l’utérus ou encore de l’œsophage disparaissent progressivement et tuent moins, à l'inverse, les cancers du poumon chez la femme et le mélanome cutané touchent de plus en plus de Français. De tous les cancers de la peau, le mélanome est celui dont l’augmentation est la plus forte. C’est pourquoi, comme chaque année depuis 18 ans, le syndicat national des dermatologues vénérologues organise un dépistage gratuit des cancers de la peau, soutenu par l’Institut National du Cancer, baptisé de manière un peu réductrice « Mélanome Day ».

Dr Claudine Blanchet Bardon, dermatologue à l’origine de la journée nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau : « Si la prévalence du mélanome progresse, c’est dû à l’augmentation de l’espérance de vie, à un meilleur dépistage et surtout aux conséquences des abus du bronzage (expositions au soleil et cabines à UV) depuis 20-30 ans. Le profil type des personnes qui viennent se faire dépister sont des femmes, de plus de 40 ans. Généralement, la tumeur que nous découvrons est très peu épaisse, c’est à dire prise au tout début de son évolution. Nous en découvrons une cinquantaine lors de chaque journée nationale. Une ablation (exérèse) chirurgicale de la tumeur suffira à "sauver la peau" de la personne ».

5 raisons de montrer sa peau

  • Le mélanome est loin d’être le plus fréquent des cancers de la peau -avec tout de même 11 600 nouveaux cas par an en France- mais c’est pourtant le plus agressif et celui qui colonise les autres organes le plus vite (métastases). S’il n’est pas pris à temps, une personne sur six en décède. On comptabilise 8 000 morts chaque année. Mais les cancers de la peau ne se résument pas au mélanome. Deux autres cancers, moins évolutifs et moins meurtriers existent : les carcinomes épidermoïde et basocellulaire. La "Toast Attitude" (bronzage à outrance) est pointée du doigt ; au total « deux tiers des cancers cutanés sont liés à une exposition solaire excessive, résume le Dr Alain Archimbaud, dermatologue attaché à l’hôpital Saint Louis (Paris). Leur nombre double environ tous les dix ans, partout en Europe. »

  • Un suivi régulier dermatologique pour les personnes à risque est primordial. Il s’agit de celles présentant de nombreux grains de beauté (nævus), des types de peaux (phototypes) très clairs et/ou à taches de rousseur, celles ayant des antécédents familiaux de cancer de la peau, celles ayant eu de nombreux coups de soleil pendant l’enfance. En général, ceux qui se présentent à cette journée sont à 75% exposés au risque de cancer de la peau de par leurs activités en extérieur (agriculteurs, personnels des BTP etc.) et leur fréquentation des cabines à UV. 5 % des mélanomes pourraient être attribués à l’usage des cabines à UV. Contrairement à ce que l’on entend souvent, celles-ci ne préparent en aucun cas la peau au soleil ni au bronzage. « Mieux vaut oublier, rappelle le Dr Alain Archimbaud car « tout en accélérant le vieillissement de la peau, leurs UVA, UVB et UVC sont cancérogènes de catégorie 1 pour l'Homme, c'est-à-dire les plus nocifs ! ».

  • L’objectif de cette journée nationale de dépistage est d’inciter au dépistage précoce des cancers de la peau qui permet d’augmenter considérablement les chances de guérison.
  • Si, avec les années, les dermatologues constatent globalement moins de lésions suspectes au cours de cette journée nationale de dépistage, en revanche, le nombre de lésions suspectes par individu augmente, de 1,64 en 2010 à 2,19 en 2014.

  • La moitié des lésions suspectes concerne des lésions mélaniques (lésions à partir des cellules pigmentaires comme le mélanome, les grains de beauté) et 25% des "kératoses actiniques" (lésions précancéreuses qui vont donner des carcinomes, à partir de cellules de l’épiderme). Si les lésions mélaniques sont une urgence vitale, les kératoses actiniques dont l’extension est locale (c’est-à-dire qu’elles ne vont pas métastaser) sont à traiter dans l’année.
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Source : D’après des entretiens avec le Dr Claudine Blanchet Bardon, dermatologue à l’origine de la journée nationale de prévention et de dépistage des cancers de la peau, vice-présidente du syndicat national des dermatologues vénérologues (SNDV) et le Dr Alain Archimbaud, dermatologue attaché à l’hôpital Saint Louis (Paris).