Herpès génital : les idées fausses ont la vie dure

Près de deux Français sur trois ont des idées erronées sur les modes de transmission de l’herpès génital. Une enquête pointe le manque de connaissances sur cette infection virale, sexuellement transmise. 
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Herpès génital : des modes de contamination mal connus

Près de 20% de la population française sexuellement active est affectée par l’herpès génital, surtout la tranche d’âge des 25-35 ans. Pour autant, une enquête révèle que 67,7% des Français se trompent sur les modes de transmission possibles de l’herpès génital : 42,7 % pensent que cette maladie sexuellement transmissible est due à une mauvaise hygiène et plus d’un tiers qu’elle peut être contractée à la suite de l’échange de serviettes ou par le contact avec la cuvette des toilettes (1).

Par ailleurs, 20% des personnes infectées n’ont pas de symptômes et ignorent qu’elles sont porteuses du virus de l’herpès et donc potentiellement contagieuses. Les hommes et les "18-25 ans" sont ceux dont les connaissances sont les plus lacunaires sur l’herpès génital.

Dr Bruno Halioua, dermatologue, Service de Dermatologie Institut Alfred Fournier (Paris) et premier auteur de la publication (2) : « Ces donnéesexpliquent en partie la gêne et le sentiment de stigmatisation ressentis par de nombreuses personnes souffrant d’herpès avec, pour corollaire, une souffrance psychique qu’ils n’osent pas toujours exprimer. Ils adoptent en conséquence des stratégies d’adaptation afin de ne pas avoir de relation sexuelle. La stigmatisation pourrait même empêcher certaines personnes de demander une prise en charge thérapeutique et préventive ».

Sans symptôme, aucun risque de contamination ?

C’est l’une des principales idées fausses sur l’herpès génital. La transmission se fait au cours du rapport sexuel avec un partenaire ayant des lésions actives (vésicules ou bulles sur fond rouge inflammatoire). Le contact doit être direct, intime et prolongé, de muqueuse à muqueuse. Ce peut être uniquement des caresses avec les mains.

Les vésicules sont contagieuses car ce sont des réservoirs à virus. Celles-ci finissent par se rompre, d’où des ulcérations douloureuses -le risque de contagion reste présent- qui disparaissent en une semaine. L’abstinence sexuelle est alors de rigueur. Au contraire des ulcérations, des croutes et des cicatrices, plus les lésions sont précoces, plus le risque de contamination est élevé.

Lors de la toute première infection (primo-infection), la durée de l’excrétion du virus de l’herpès est en moyenne de huit jours mais peut atteindre vingt jours. Puis elle n’est que de deux à quatre jours lors des récurrences (3).

Dr Bruno Halioua : « Mais attention, la contamination se fait aussi au contact d’une personne qui porte le virus sur ses muqueuses (lèvres, parties génitales etc.), alors qu’elle ne ressent ou ne montre aucun symptôme (asymptomatique). Même si rien n’est visible, elle sécrète le virus de façon intermittente dans ses sécrétions génitales, lequel infeste les cellules de l’épiderme (kératinocyte) ou des muqueuses. Le risque de transmission est cependant nettement moindre. Le port du préservatif est utile en cas de lésions sur le sexe du partenaire, mais peu efficace si ces lésions sont situées à proximité ».

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Source : (1) Enquête HARRIS en 2013 auprès d'un échantillon de 1008 (491 hommes et 517 femmes), représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus/Etude financée HRA Pharma France ; (2) Halioua B et coll. : Importance des idées fausses sur le mode de transmission de l’herpès génital en France. Journées Dermatologiques de Paris : 8-12 décembre 2015 ; (3) Conférence de consensus HAS Prise en charge de l’herpès cutanéo-muqueux chez le sujet immunocompétent (2001)
D’après une interview du Dr Bruno Halioua, dermatologue, Service de Dermatologie Institut Alfred Fournier (Paris) suite à sa présentation aux Journées Dermatologiques de Paris : 8-12 décembre 2015