Comment des milliers d'hospitalisations pourraient être évitées...

Une grande enquête nationale révèle que des milliers d'hospitalisations pourraient être évitées. Elles sont en fait directement imputables à des complications graves engendrées par les soins médicaux eux-mêmes. La survenue d'événements indésirables graves liés aux soins, également désignée par risque iatrogène, est un sujet important figurant dans la loi de santé publique votée en août 2004.

Jusqu'à aujourd'hui, il n'existait pas de données globales sur ce sujet, incluant notamment les risques liés aux actes médicaux et chirurgicaux. En effet, les informations disponibles portaient essentiellement sur les effets des produits de santé (médicaments, sang, dispositifs médicaux) et sur les infections nosocomiales. Attention, il est bien précisé dans le rapport de la DREES (Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques du ministère de la Santé) que « tout évènement indésirable ne signifie pas nécessairement qu'une erreur a été commise dans la prise en charge du patient, ni dans l'établissement, ni en amont. Une part importante des complications est, en effet, la conséquence de risques inhérents aux processus de soins ».

Cette enquête nationale, menée entre avril et juin 2004, a porté sur près de 9.000 patients pris en charge dans 70 établissements de santé, et suivis pendant une période maximale de 7 jours, soit un total de 35.234 journées d'hospitalisation observées. Les évènements indésirables enregistrés se répartissent en deux catégories : ceux qui sont à l'origine même de l'hospitalisation (195 cas) et ceux qui sont identifiés pendant la période d'hospitalisation et en conséquence qui la prolongent (225). Dans le premier cas, ils occasionnent 3 à 5% des séjours hospitaliers. Deux tiers des évènements semblent générés par une prise en charge en médecine de ville, et un tiers par une hospitalisation antérieure. Et 46% des cas ont été considérés comme évitables, surtout lorsqu'ils sont liés à des produits de santé. Dans le deuxième cas, ce sont 35% des complications qui ont été jugées évitables.Soulignons que ces complications sont susceptibles de toucher tout le monde. Toutefois, elles se développent davantage chez les patients fragiles, âgés et présentant une affection grave.

Par extrapolation, on pourrait dire que les effets indésirables sont à l'origine de 175.000 à 250.000 séjours à l'hôpital chaque année, soit 4% des hospitalisations, dont 70.000 à 110.000 seraient évitables.

Evènements évitables et inévitables

La liste des complications possibles est très large : escarres, hématomes, choc cardiovasculaire après la pose d'une perfusion chez un sujet âgé, troubles liés à un traitement médicamenteux, posologie incorrecte et diagnostic tardif, en passant par un geste chirurgical inadéquat, une allergie aux médicaments ou une infection nosocomiale.

Plusieurs facteurs de risque ont été évoqués, notamment : surcharge de travail, absence de protocole de soins, formation insuffisante, communication imparfaite entre les services…

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Source : Bulletin de la Direction de la recherche des études de l'évaluation et des statistiques du ministère de la Santé, numéro 398, mai 2005.