Cannabis : ouvrons les yeux

En dix ans, l'expérimentation du cannabis a doublé chez les garçons de 17 ans, tandis que la consommation répétée a triplé et concerne aujourd'hui un jeune sur cinq. La première campagne médiatique européenne de prévention du cannabis est lancée en France, pays où la consommation est des plus élevées*.

Cette campagne de sensibilisation est assortie d'une politique de prévention et de soins avec notamment la création d'une ligne spécifique « Ecoute Cannabis » 0811 91 20 20, et d'un réseau de consultations cannabis pour les jeunes sur l'ensemble du territoire. Elle répond à trois grandes raisons :

1) La consommation de cannabis a très fortement augmenté chez les jeunes. Il y a en France, 850.000 consommateurs réguliers (dix usages par mois au moins), dont 450.000 consommateurs quotidiens, principalement des jeunes. La France est l'un des pays européens où l'on consomme le plus de cannabis, avec la République Tchèque et le Royaume-Uni (de 19 à 22%), et ce, malgré une légère diminution enregistrée en 2003. La proportion des jeunes Français ayant expérimenté le cannabis est presque deux fois plus élevée que la moyenne des autres pays européens : 38% contre 21%.2) Les demandes de prises en charge ne cessent d'augmenter. Elles émanent de personnes qui se sentent dépendantes du cannabis ou bien de celles qui rencontrent des problèmes psychologiques et sociaux liés à leur consommation. La prise en charge des consommateurs de cannabis est passée de 16% en 1998, à 25% en 2002. 3) Les connaissances scientifiques portant sur les effets délétères du cannabis ont fortement progressé. Selon le ministre de la Santé, Philippe Douste-Blazy, « il est de notre devoir d'informer la population, les jeunes et les parents, souvent inquiets et désemparés ». En effet, il est grand temps de balayer toutes les idées reçues qui planent autour du cannabis. La consommation de cannabis s'accompagne de conséquences sanitaires et sociales indéniables :

  • altérations de l'attention, de la concentration et de la mémoire, entraînant notamment une perte de la motivation, des perturbations cognitives avec des troubles scolaires et relationnels avec l'entourage, dont les parents… Sans oublier les conséquences immédiates sur les facultés à conduire un véhicule ou à manipuler engins ou machines.
  • intoxication aiguë (ivresse cannabique ou couramment appelée « bad trip ») se manifestant par des vomissements ou des évanouissements, mais aussi des perturbations psychiques transitoires (hallucinations, dépersonnalisation, bouffées délirantes, attaque de panique).
  • troubles relationnels, scolaires et professionnels, notamment lorsque toutes les activités se centrent autour du produit : repli sur soi, problèmes relationnels et scolaires.
  • dépendance : entre 10 et 15% des consommateurs réguliers sont exposés à une dépendance.
  • troubles mentaux chez les sujets prédisposés : dépressions, hallucinations, idées délirantes, sont des troubles psychiques parfois sévères, mais qui sont réversibles après l'arrêt de l'intoxication. En revanche, chez les sujets prédisposés, le cannabis peut révéler ou aggraver une maladie mentale, comme la schizophrénie.
  • perturbations broncho-pulmonaires : les grands fumeurs de cannabis souffrent de bronchites et de laryngites chroniques, sans oublier l'augmentation du risque de cancers pulmonaires et des voies aérodigestives supérieures.

Toutes ces conséquences sont exprimées dans les six spots TV, lesquels mettent en scène des jeunes témoignant de leur expérience. Ils seront diffusés jusqu'au 27 février sur les chaînes hertziennes et quelques chaînes du câble dédiées aux jeunes. Parallèlement, la campagne prévoit des spots radio, des annonces dans la presse quotidienne et la presse médicale. Afin de fournir une information validée sur le cannabis, deux brochures d'information, l'une spécifiquement dédiée aux jeunes, l'autre pour les parents, et un guide d'aide à l'arrêt, ont été publiés.

Les moyens ne s'arrêtent pas là :

  • Ecoute cannabis 0811 91 20 20 (7j/7 de 8h à 20h, prix d'une communication locale) offre un accès facilité à une information et à des conseils personnalisés. Les 75 écoutants spécifiquement formés aux problématiques du cannabis, répondent à toutes les questions des jeunes et des parents, les conseillent et leur communiquent les coordonnées des services disponibles, notamment des centres de consultation cannabis.
  • Un réseau national de consultations cannabis : anonymes et gratuites, établies dans tous les départements, l'accueil est assuré par un médecin, un psychologue, une infirmière ou un éducateur. Ces consultations permettent d'évaluer sa consommation et de dépister un éventuel usage nocif, de proposer, le cas échéant, une prise en charge brève ou d'orienter vers des structures plus adaptées. Et bien entendu, elles apportent des conseils et des informations personnalisées aux consultants, jeunes ou parents.

Philippe Douste-Blasy a tenu à préciser encore deux points importants :1) Les produits qui sont consommés aujourd'hui sont entre 2 et 5 fois plus dangereux qu'il y a trente ans. En effet, les concentrations en THS (tétrahydrocannabinol, principale substance psychoactive) sont bien plus importantes, lesquelles accentuent l'ivresse cannabique et la dépendance. 2) Si de plus en plus de jeunes consomment du cannabis, il faut également savoir qu'ils en consomment de plus en plus tôt. Les risques sont donc encore plus importants chez ces très jeunes ados. « Un jeune qui fume est moins bien à la maison, moins bien à l'école, moins bien avec les amis »

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Source : Communiqué de presse du ministère de la Santé, " Programme de prévention du cannabis ", 2 février 2005.