Médicaments contre l'ulcère : trop largement prescrits

Les Français prennent trop de médicaments anti-ulcéreux. L'Assurance maladie entend faire diminuer cette consommation, notamment en dénonçant leur utilisation non conforme. En effet, les anti-ulcéreux sont souvent prescrits en dehors de leur indication première, entre autres pour contrer de simples symptômes digestifs.

Trop de prescription d'anti-ulcéreux

Dans sa lutte contre la consommation excessive de médicaments, l'Assurance maladie s'attaque désormais aux anti-ulcéreux, lesquels figurent parmi les médicaments qui ne sont plus remboursés. Aujourd'hui, les médicaments de la classe des anti-ulcéreux, les inhibiteurs de la pompe à protons, représentent plus d'un milliard d'euros, soit une progression de 75% depuis 2000. Le nombre de boîtes vendues est passé de 25 à 47 millions entre 2000 et 2005. Cette progression est attribuée à un élargissement des indications thérapeutiques.

L'objectif fixé par l'Assurance maladie est de parvenir à une baisse de 2% des montants remboursés en 2006 et de 3% en 2007.

Quelles sont les indications erronées des anti-ulcéreux ?

Comme leur nom le suggère, ces médicaments sont indiqués dans le traitement de l'ulcère gastroduodénal. Lors de la digestion, notre estomac produit des substances acides. Mais si cette production est trop importante, l'acidité attaque les parois de l'estomac et provoque de fortes douleurs gastriques, c'est l'ulcère. Les inhibiteurs de la pompe à protons sont des anti-ulcéreux qui diminuent précisément la sécrétion d'acide de l'estomac.

Mais les anti-ulcéreux sont de plus en plus utilisés en dehors de cette indication. Ainsi, ils sont souvent co-prescrits avec des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), dont certains sont des anti-douleurs classiques aux côtés de l'aspirine, d'autres plus spécifiquement prescrits contre l'arthrose ou la polyarthrite rhumatoïde. Toujours est-il que ces médicaments peuvent générer des effets secondaires et notamment des ulcères d'estomac et des hémorragies digestives. Les anti-ulcéreux sont donc souvent prescrits en même temps afin de minimiser de tels effets indésirables.

Mais cette indication n'est officielle que chez les plus de 65 ans et en cas de risque de complications. Or dans la réalité, cette co-prescription concerne 56% des personnes de moins de 65 ans qui débutent un traitement par AINS.

Une autre indication contestée est celle des maux d'estomac ou dyspepsie fonctionnelle. Les anti-ulcéreux n'ont pas d'indication reconnue contre cette affection car ils n'ont pas fait la preuve de leur efficacité. Or 10% des personnes souffrant de maux d'estomac se voient prescrire des anti-ulcéreux. Une proportion non négligeable lorsqu'on sait que ces symptômes digestifs touchent de 12 à 15% de la population...

Dernier point à souligner, même si la pénétration des génériques concernant les anti-ulcéreux progresse beaucoup, l'Assurance maladie souhaite encore l'accentuer. Elle va aussi renforcer la surveillance afin que les conditions de remboursement à 100% soient mieux respectées.

Soulignons enfin que ces médicaments existent aussi en vente libre. Mais prendre un médicament n'est jamais anodin. Attention aux effets secondaires et en cas d'ulcère, il est toujours préférable de consulter.

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Source : Point d'information mensuel de l'Assurance maladie du 14 novembre 2006.