Bébé dans son lit, une bonne idée ?

Bébé dans le lit familial ? Une pratique plus usitée qu'on ne le croit. Entre la Leche League, association de femmes allaitantes, née en 1956, qui encourage la pratique du lit familial, et les tenants de la séparation, à vous de faire votre opinion quant à la façon de faire dormir votre enfant.

C'est à partir du Moyen-âge que l'église a demandé aux mères de ne plus faire dormir le bébé dans le lit des parents. Les grands lits collectifs ont laissé alors la place à des lits individuels qui restaient en fait collectifs. De nombreux parents accueillaient toujours leurs enfants dans leurs lits, comme Henri IV qui adorait son fils, le futur Louis XIII. Ce n'est qu'au début du XIXe siècle que l'habitude fut prise de donner un lit à chaque enfant. Alors qu'aux États-Unis, le co-sleeping ou «sommeil partagé» relance le débat de savoir s'il faut ou non laisser dormir son enfant dans le lit conjugal, en Europe, nombre de psychologues et de conseillers conjugaux conseillent aux jeunes parents de «ne pas fusionner», de «ne pas habituer l'enfant à associer leur présence au sommeil» et de «distinguer vie de couple et vie de parents». Que fait-on pour résoudre les problèmes de sommeil de bébé ? Car c'est bien de cela dont il s'agit. Bébé s'endort mal, a des réveils nocturnes, fait des cauchemars, il se réveille, il a sa tétée… S'il est désagréable de devoir recoucher indéfiniment un jeune enfant, il est déstabilisant et fatigant de devoir se réveiller brutalement, pour s'occuper d'un bébé qui pleure on ne sait pourquoi.

Contre

Les spécialistes français préconisent quasi-unanimement le sommeil solitaire. C'est la norme, bébé est invité à dormir le plus loin possible de ses parents. Les «spécialistes» affirment qu'en dormant avec son enfant, on inflige des dommages à son développement et qu'il faut l'éloigner du couple pour protéger l'intimité de ce dernier. Prendre l'enfant dans son lit pose des problèmes : excès de chaleur et possibilité d'accidents mécaniques liés au poids des parents, et la plupart des lits d'adulte ne sont pas idéaux : trop mous, trop d'oreillers, trop de duvets… Des études publiées aux États-Unis invitent fortement les parents à ne pas dormir avec leur bébé pour éviter tout risque d'asphyxie, de strangulation et autres morts accidentelles. «On ne peut pas dire que la méthode du sommeil solitaire ait fait ses preuves et les plus rigoureux semblent aujourd'hui céder le pas en France à une méthode plus douce, qui envisage le partage de la chambre pendant les premières semaines, parfois les premiers mois avec plus de sympathie», écrit Nathalie Roques. Mais le bébé doit toujours regagner sa propre chambre, au plus tard au bout de quelques mois, où il est censé passer la nuit seul, éventuellement avec un aîné. De nombreux couples accueillent d'ailleurs au moins ponctuellement leur enfant dans leur lit. Avec pour la plupart d'entre eux, un sentiment de culpabilité.

Pour

«L'expérience montre que durant la phase sensible des six premiers mois, la présence d'un bébé dans une chambre conjugale n'est pas problématique. Si la mère allaite, cette solution offre même des avantages pratiques indéniables et permet au père de s'impliquer d'emblée», explique Martin Sutter de la Commission MSN (Mort subite du nourrisson) de la Société suisse de pédiatrie. «Une voix s'oppose depuis plusieurs années au discours uniforme français, écrit Nathalie Roques, Hélène Stork* ose présenter en France le sommeil partagé comme tout à fait normal et bénéfique pour l'enfant en s'appuyant sur des observations anthropologiques et des réflexions d'ordre psychologique. En fait, l'Occident moderne où la pratique du sommeil solitaire est devenue sinon habituelle, en tout cas recommandée par les personnes identifiées comme des spécialistes, est bel et bien une exception, et faire du sommeil solitaire la norme est tout simplement une erreur. Laisser pleurer un bébé n'est jamais une solution délibérément adoptée, car les pleurs du bébé sont avant tout considérés comme l'expression d'un mal-être qui doit être combattu.» Le sommeil partagé apporte de nombreux bénéfices pour la sécurité du bébé : stimulation du bébé et donc diminution des périodes de sommeil profond, allaitement favorisé, surveillance des parents aisée, vie quotidienne facilitée et fatigue diminuée et, après une analyse sérieuse de toutes les données disponibles, et en invitant les parents à prendre certaines précautions, il apparaît que faire dormir un bébé contre un adulte responsable n'est pas plus dangereux que n'importe quelle action de la vie quotidienne. Certains chercheurs pensent même que le lit partagé est un facteur de prévention pour la mort subite du nourrisson. En fait, chaque famille devrait pouvoir trouver la solution qui lui convient, sans avoir à subir de pression idéologique et sans culpabilité aucune ! Selon Nathalie Roques : «Pour retrouver les gestes d'une proximité réelle avec nos bébés, il suffit en fait de faire confiance à notre patrimoine héréditaire, à notre instinct et surtout, à nos enfants.»* Hélène Stork est docteur en médecine et docteur ès Lettres et Sciences humaines, ancien chef de clinique de Psychiatrie à la faculté de Médecine de Paris. Elle a créé le Centre d'Études et de Recherches Interculturelles sur la Petite Enfance (C.E.R.I.P.E.).Je bouquine"Dormir avec BB", Nathalie Roques, Éditions L'harmattan, un livre passionnant à conseiller à toutes les nouvelles mamans.Je surfe sur…cododo.free.fr

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Source : Côté bébé, février 2007.