1,9 milliards de francs : c'est ce que vont rapporter les baisses des honoraires libéraux

C'est décidé, Martine Aubry, Ministre de l'Emploi et de la Solidarité, vient d'avaliser les projets de baisse d'honoraires de certains praticiens libéraux, baisses correspondant à un total annuel de 1,9 milliards de francs.

Cette baisse est le fruit de l'application des accords conventionnels entre les professionnels et la sécurité sociale qui mettaient en relation les revenus des praticiens et l'augmentation des dépenses de santé.

Il est prévisible que cette baisse va soulever d'importantes oppositions parmi les professionnels de santé à la rentrée tant il est vrai qu'il est difficile de comprendre pourquoi, en pleine période de croissance économique, alors que l'on trouve 50 milliards par ci, 30 milliards par là, il faut qu'on leur ponctionne 1,9 milliards maintenant. Ceci sera d'autant plus difficile à comprendre pour eux que d'un autre côté, les autorités publiques, et tant mieux, favorisent le mouvement général de consommation de santé: publication de la CMU qui ouvre l'accès aux soins à de nombreux français, meilleur financement des couronnes et de soins dentaires, etc. Mais là où le plan Juppé prévoyait que les professionnels payeraient surtout en fonction de l'enveloppe des médicaments (autrement dit moins ils prescriraient, plus ils percevraient d'honoraires, ce qui pousse clairement à faire des économies), le plan Aubry les rend responsable de toute l'enveloppe santé… qu'ils ne contrôlent qu'en partie.

Ainsi, alors que les besoins de santé se développent naturellement dans une période faste, les professionnels sont mis à contribution, tandis que les dépenses en médicaments explosent (+10,7%) sans qu'ils en soient directement responsables.

Reste les autres mesures concernant les médicaments: baisse du remboursement à 35% de certains (ce qui revient à augmenter le financement par les assurances complémentaires), et baisses de tarifs pour d'autres. Les produits concernés sont tous jugés peut utiles. Il s'agit notamment des veinotoniques que tant de femmes prennent pour leurs douleurs de jambe. Là encore, on peut se demander si la France ne devrait pas remettre à plat sa politique du médicament, et faire franchement des choix pour un vrai "panier de soins". Car la notion de médicaments peu utiles n'est pas si simple: de nombreuses femmes ont vraiment besoin de leurs veinotoniques alors que toutes les prescriptions d'antibiotiques pendant les épidémies de grippe sont quasiment inutiles. A contrario, les médicaments aidant au sevrage tabagiques ne sont pas remboursés (alors qu'ils représentent le meilleur ratio coût-bénéfice pour la santé). Et que dire des 8 glycémies annuelles prescrites chez les diabétiques pour rien ou des autres bilans inutiles… Le panier de soins doit donc être global. Nous ne faisons qu'engager le débat; et il y a matière !

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Source : Figaro samedi 29 juillet 2000