Arrêt du tabac et prise de poids : quelle ampleur ?

Pour bon nombre de fumeurs, l'arrêt du tabac s'accompagne de la hantise de prendre du poids. Qu'en est-il vraiment ? Quelle est l'ampleur de ce sous-poids que l'ex-fumeur souhaite impérativement conserver ?

La nicotine est responsable de l'effet sur le poids et pour une large part responsable des choix alimentaires du fumeur.Le fumeur pèse moins que son homologue non-fumeur : il est en sous-poids et c'est contre celui-ci qu'un candidat à l'arrêt souhaite se défendre.

La nicotine favorise la mobilisation des réserves adipeuses (graisseuses). De plus, elle inhibe la sécrétion d'insuline, ce qui a pour effet de freiner la lipogénèse (synthèse des cellules graisseuses). Cet équilibre particulier du fumeur induit une diminution de la prise alimentaire et une perte de poids principalement due à la perte de masse grasse. Parallèlement, la nicotine est responsable d'une augmentation des dépenses énergétiques. Par exemple, chaque cigarette s'accompagne d'une augmentation de 6% des dépenses énergétiques durant deux heures.Le fumeur a donc perdu du poids et surtout de la masse graisseuse au début de son tabagisme. Ensuite, il a maintenu son sous-poids, sans l'aggraver, malgré une augmentation sensible de ses dépenses énergétiques, en accroissant sa prise alimentaire. Le fumeur mange davantage de calories, comme le ferait spontanément toute personne dont les dépenses augmentent, que ce soit à la suite d'un entraînement physique, parce qu'elle a froid ou qu'elle consomme beaucoup de café…

On comprend ainsi qu'à l'arrêt du tabac, la lipogénèse n'étant plus inhibée, la masse grasse est reconstituée, parfois au-delà du taux initial (avant le tabagisme), le temps que l'organisme atteigne un nouvel équilibre. A noter que l'insuline, qui retrouve son taux habituel, peut également contribuer au goût pour les produits sucrés, qui se manifeste souvent chez les ex-fumeurs.

Quelle ampleur ?

Les nombreuses études publiées sur ce sujet au cours des dix dernières années ont permis d'apprécier assez précisément l'importance de la prise de poids chez le fumeur qui devient abstinent. Selon une étude menée auprès de 1.000 sujets suivis durant dix ans, le gain de poids moyen est de 2,8 kg pour les hommes et de 3,8 kg pour les femmes. Or le poids moyen de ces sujets est précisément celui des personnes restées non-fumeurses. Parmi les abstinents depuis plus d'un an, 56% des hommes et 48% des femmes ont pris moins de 3 kg, 22% des hommes et 27% des femmes de 3 à 8 kg, et 12% des hommes et 11,4% des femmes de 8 à 13 kg. Notons également que pour 9,8% des hommes et 13,4% des femmes, l'augmentation du poids a dépassé 13 kg. Parallèlement, d'autres études montrent que 30% des ex-fumeurs ne prennent pas de poids ou en perdent.

Il faut donc s'attaquer au problème, et de front.Tout d'abord les substituts nicotiniques, et particulièrement les patches à doses suffisantes et les gommes à mâcher à la demande, apportent une aide indéniable.Ensuite, le fumeur abstinent doit réorganiser son alimentation : mieux équilibrer ses repas, éviter les grignotages, privilégier les légumes et les fruits, et éviter les sauces riches en matières grasses. En effet, le fumeur a une alimentation typique particulièrement riche en graisses (viandes, sauces) et en sel, et pauvre en fibres et micro-nutriments. Il doit la rééquilibrer en même temps qu'il retrouve le goût des aliments. Et enfin, il faut bouger. La pratique d'une activité physique quotidienne est essentielle. Inutile parfois de viser des efforts intenses, c'est la régularité qui compte.

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