Complexes physiques : d'où vient ce manque d'estime de soi ?

Les complexes physiques apparaissent souvent avec force à l'adolescence. C'est l'âge ou chacun a son complexe qu'il estime très invalidant et lui gâche parfois la vie. Et si cela passe le plus souvent en quelques années (qui paraissent très longues), pour certaines personnes, les complexes persistent bien plus tard. Mais d'où viennent ces complexes, où s'enracinent-ils ?
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La transformation corporelle des adolescents

S'ils se développent intensément à l'adolescence, c'est d'abord tout simplement qu'à ce passage de la vie, le corps change très vite. Il se transforme, et le corps d'enfant auquel on s'était habitué, ce corps qui grandissait tranquillement et harmonieusement, devient tout autre. Les seins poussent, l'acné fleurit, la peau devient plus grasse, la transpiration s'intensifie, la voix évolue, la barbe pousse, le sexe change d'aspect… Ces transformations sont difficiles à assumer, à digérer. Nous pouvons éprouver le sentiment que ce corps n'est pas vraiment le nôtre, qu'il ne nous représente plus tel que nous sommes. C'est comme si nous habitions un organisme étranger qui se modifiait régulièrement, se déformait sans que l'on sache jusqu'où cela nous conduira. Nous ne nous sentons pas à notre place dans ce corps que nous ne reconnaissons plus. Cela produit un malaise sur lequel s'enracinent les complexes physiques.

La transformation à l'adolescence est aussi émotionnelle

Et ce qui accentue l'intensité des complexes, c'est que le corps n'est pas le seul à changer à l'adolescence : les émotions aussi changent intensément. On devient plus fragile, plus sensible aux remarques de l'entourage. Ce n'est pas un hasard si Françoise Dolto a comparé l'adolescent à un homard en train de muer. Il perd sa carapace et devient fragile. Il sera donc beaucoup plus sensible à la moindre remarque de ses pairs, de ses parents ou de ses frères et soeurs. Et puis, l'adolescent découvre l'attirance sexuelle. Il s'agit d'une émotion a priori positive, mais elle aussi difficile à intégrer. Et elle entraîne dans son sillage des sentiments qui vont accentuer les complexes : la peur de ne pas être digne d'être aimé, désiré. Un adulte regarde cela avec une certaine distance. Il sait que chacun peut être aimé, mais l'adolescent porte souvent cette question comme une véritable douleur : « est-ce que quelqu'un va m'aimer ? » Et ces complexes sont une manière d'extérioriser cette question. Pour contenir ses peurs, ses complexes, l'adolescent cherche à « être comme tout le monde », à ne pas se sentir différent, d'où des modes vestimentaires qui paraissent étranges aux adultes, et des sorties en bandes, vitales pour lui. Son groupe d'amis devient une véritable famille, et c'est capital pour lui. Car en se frottant aux autres, à ses semblables, il ancre sa confiance en lui, sa capacité à être sociable, à entrer en relation, et il travaille à supporter de mieux en mieux ses complexes. Et l'adolescent complexé actuel n'a pas tellement de chance dans une société comme la nôtre qui fait le lit de ses complexes. On a même parfois le sentiment que l'on stimule la naissance de complexes dans des buts commerciaux tels que vendre de la crème anti-cellulite, vendre des produits anti-acné… Toutes les images de notre société présentent des corps idéaux. C'est à l'adolescence que l'on prend conscience que son propre corps n'est pas à la hauteur des images qui nous entourent. Et c'est un choc difficile à accepter. Autant un adulte sait que ces images sont idéalisées, autant un adolescent nie souvent l'impossibilité d'être à la hauteur de ses rêves. Il ou elle vit dans l'illusion. Il imagine trouver un régime qui lui fera prendre 10 kilos de muscles ou elle pense qu'il existe une manière de prendre une taille de poitrine sans prendre un seul kilo.

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