Fragilité psychologique de nos jeunes sportifs

Et si on s'en occupait ? En effet, l'équilibre mental participe, voire plutôt conditionne l'intégrité de ces jeunes sportifs de haut niveau, souvent fragilisés. « Le sport est bon pour la santé » semble bien loin de la réalité. Comment prévenir les risques ? Les enseignements d'une enquête menée en Provence-Alpes-Côte d'Azur.

L'observatoire régional de la santé a interrogé en région Provence-Alpes-Côte d'Azur un milliers de jeunes sportifs de 16 à 24 ans.

  • Ils sont 90% à s'estimer en bonne santé. Cette satisfaction diminue cependant avec l'âge et l'importance de l'encadrement.
  • Dans les pôles et les centres de formation où les sportifs sont fortement encadrés, les blessures semblent anormalement élevées, quels que soient le sport pratiqué et le niveau de compétition : 47% ont souffert d'une blessure plus ou moins importante dans le mois précédent l'enquête.
  • Le stress, la fatigue, les troubles du sommeil et de l'alimentation, la détresse psychologique, les infections à répétition sont particulièrement fréquents et reflètent certainement des troubles du système immunitaire.
  • Le recours aux médicaments est très répandu : deux tiers en ont consommé dans le mois précédent : 50% contre la douleur, 43% contre une maladie infectieuse.
  • Les drogues (cannabis, tabac, alcool) sont abordées pour leurs propriétés anti-stress, mais cet usage reste en dessous de celui observé dans la population générale du même âge.

L'état de santé de nos sportifs n'est donc pas au beau fixe et le bonheur recherché dans la pratique sportive de haut niveau, comprenant notamment une intégration sociale et une promotion individuelle, comme le déclarent un certain nombre d'entre eux, n'est pas toujours à la clé. Le nombre d'arrêt maladie et le dopage se développant même hors compétition en témoignent.

Ces jeunes doivent bénéficier d'un encadrement et d'un soutien à chaque étape de leur carrière (temps de rupture, blessure qui freine, suspend l'entraînement ou diminue les performances, échec en compétition, etc.), y compris en fin de carrière. Ces passages sont bien identifiés comme à risque chez ces jeunes souvent coupés de leur entourage affectif, qui vivent en internat dans des centres sportifs ou qui multiplient les déplacements. Au-delà de leur projet sportif, il faut les aider aussi à réaliser leur projet de vie pour leur permettre d'assumer leur rôle d'homme et de femme. Leur situation doit également être révisée très régulièrement car il est indispensable qu'elle s'adapte en permanence à leur personnalité, à leurs capacités physiques et mentales afin de prévenir blessures et conduites déviantes. Seule une collaboration très serrée de tous les encadrants peut le permettre : entraîneurs, responsables du pôle, médecins, psychologues et même les maîtres d'internat. Les problèmes doivent être repérés en amont afin d'être prévenus et pris en charge à temps. Les simples visites obligatoires de médecine sportive ne peuvent répondre à cette nécessité.

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Source : Le Quotidien du médecin, 15 janvier 2004 ; Colloque de la direction régionale et départementale de la jeunesse et des sports et de l'observatoire régional de la santé PACA.