La violence des hommes fait-elle si peur qu'on veuille la cacher ? Ou l'été meurtrier ?

En France, en 2004, la violence conjugale tuerait une femme tous les 5 ou 6 jours d'après le ministère des droits de la femme. Les associations, quant à elles, avancent le chiffre de 400 décès par an, soit plus d'une femme par jour. Il semblerait, d'après les chiffres de l'été 2004 (29 meurtres en deux mois), que l'on puisse en extrapolant tabler sur une femme tuée tous les deux jours. Et encore, il existe certainement une sous-estimation car derrière les défenestrations, disparitions et même les suicides, peuvent aussi bien se cacher des meurtres.
© Istock

Ainsi, les hommes tuent environ 50 fois plus leurs femmes que l'inverse ! Et cela ne semble guère intéresser les Français. En effet, contrairement aux autres pays environnants, il n'existe aucun observatoire, aucun recueil des chiffres pour suivre et lutter contre ce phénomène. En 1999, une étude (enquête nationale sur la violence faite aux femmes) avait quand même été réalisée. La conclusion en était que 10% des femmes souffrent de violences conjugales : menaces, rapports sexuels imposés, chantage affectif sur les enfants, mépris, séquestration, coups ou tentatives de meurtres…

Pourquoi un tel désintérêt public alors que les accidents de la route ont, par la prise de conscience du carnage qu'ils entraînaient, motivé des décisions efficaces qui ont déjà sauvé des centaines de vies ?

Peut-être parce que dans la violence conjugale, il s'agit d'événements se passant dans la sphère privée, traditionnellement très protégée en France. Peut-être parce que nous trouvons banale la violence des hommes qui sont aussi nettement plus nombreux en prison, nettement plus impliqués dans les violences sexuelles… Peut-être encore parce que nous imaginons habituellement que le crime est « passionnel », donc entraîné par un trop plein d'amour, et non par une haine aveugle et une agressivité maladive.

Même les femmes ont du mal à s'intéresser à ce phénomène atroce. Il est plus valorisant de militer pour le droit à la contraception, à la sexualité épanouie... que contre la violence qui tue. Pourtant, comme en Espagne, l'action passerait par des lois différentes et protectrices envers ces femmes et leurs enfants en danger. Leurs enfants ? Pourquoi ? Et bien, on l'oublierait presque : en plus des enfants devenus orphelins de mère (en même tant qu'enfants du meurtrier de leur mère), 5 des 29 agresseurs de l'été 2004 ont tué aussi leurs enfants, un a tué ses beaux-parents, un autre a supprimé un témoin qui l'avait vu jeter le cadavre de sa compagne dans la Saône… Nous sommes bien loin du crime passionnel !

Dans la plupart des cas, une femme est tuée alors qu'elle subit depuis longtemps des violences, elle est tuée quand elle a le courage de partir, de se séparer de son agresseur ou encore quand elle est déjà partie et qu'il la retrouve. Il ne peut supporter de perdre la cible de ses violences. En France, nous avons du mal à admettre que cela se produit dans tous les milieux.

Alors, un conseil à donner : si une femme se sépare de son conjoint pour des raisons de violence, une fois qu'elle a osé le quitter, il ne faut surtout pas qu'elle oublie cette violence et surestime son courage. Il est essentiel qu'elle pense à continuer à se protéger, à le voir uniquement dans des lieux publics ou en présence de témoins. En effet, même des années plus tard, la violence peut être toujours présente et exploser sans prévenir…

Accueil femmes battues :http://accueilfemmesbattues.chez.tiscali.fr

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