Une grossesse après un cancer du sein : appel à témoignages

L'Association francophone de l'après cancer du sein (AFACS) a pour mission d'intervenir sur le versant « extra-cancérologique » des femmes qui ont été guéries d'un cancer du sein. Elle mène actuellement une enquête de grande envergure sur le vécu d'une grossesse après un cancer du sein. L'Association appelle les femmes concernées à participer. Explications du Dr David Elia*, vice-président de l'AFACS.

Le cancer du sein touche aussi des femmes jeunes

Le nombre de cancer du sein a doublé en l'espace de 30 ans. Aujourd'hui, plus de 400.000 femmes sont touchées et on diagnostique chaque année 40.000 nouveaux cas, ce qui est beaucoup. Parmi ces femmes, les proportions selon les tranches d'âge n'ont pas changé et il y a toujours 7 à 8% de femmes atteintes d'un cancer du sein qui ont moins de 40 ans. Ainsi proportionnellement, il n'y a pas plus de femmes jeunes atteintes qu'auparavant. Car le nombre de cas de cancers a augmenté de la même façon dans toutes les tranches d'âge.

L'après-cancer du sein

L'Association AFACS (Association francophone de l'après cancer du sein), qui regroupe des oncologues, des cancérologues, des gynécologues et des radiologues, s'adresse aujourd'hui, à travers une enquête qui s'appelle « Donner la vie après un cancer du sein : une re-naissance », précisément à ces femmes de moins de 40 ans qui ont eu un cancer du sein. L'AFACS s'intéresse aux femmes qui ont terminé leur traitement (chirurgie, radiothérapie, chimiothérapie). Grâce à la médecine, elles sont de plus en plus nombreuses à guérir de leur cancer du sein. Guérison et rémission du cancer du sein deviennent des phénomènes que l'on observe aujourd'hui en routine.Ces femmes entendent bien mener une vie normale et ne plus avoir à se préoccuper du cancer. Et lorsqu'elles ont moins de 40 ans, elles veulent (si elles le peuvent) être enceintes, ce qui paraît normal. Or les oncologues et les cancérologues qui sont en nombre restreints en France, sont souvent débordés par la prise en charge des « après-cancer » et en particulier des après-cancer du sein. Les consultations de cancérologie pure sont de plus en plus encombrées par les réussites des traitements, par des femmes qui vont bien et qui viennent tous les 6 mois ou tous les ans se faire suivre de façon systématique ou pour divers problèmes de masse osseuse, d'intolérance aux traitements, de sexualité, de poids, de douleurs, de reconstruction mammaire et de problèmes psychologiques. Mais ces dimensions extra-cancérologiques ne sont pas toujours prises en compte dans les consultations en cancérologie. Les cancérologues le disent eux-mêmes, l'objectif premier c'est la guérison et l'évitement ou le diagnostic rapide des récidives.Certes, les problèmes osseux, de poids, de sexualité, de douleurs, etc., sont importants, mais le cancérologue n'a pas forcement la disponibilité de les prendre en charge.

C'est ici que l'Association intervient. Elle n'entend pas s'opposer aux cancérologues et pour cause, elle comprend autant de cancérologues que de gynécologues. En revanche, elle souhaite donner la possibilité à tous les gynécologues et à tous les médecins intéressés par ce sujet de prendre en charge ce volet extra-cancérologique, c'est-à-dire de s'occuper de la qualité de vie de ces femmes après un cancer du sein.Parmi les projets de l'AFACS, il y a cette enquête très ambitieuse qui s'intéresse aux femmes ayant eu un cancer du sein et qui ont ensuite été enceintes, sans préjuger de savoir si elles ont eu un bébé ou pas.Actuellement nous ne savons pas grand chose sur ce thème. Nous ne disposons d'aucune étude française, européenne ou internationale qui puisse nous éclairer sur ces femmes : qui elles sont, comment ont-elles pris la décision de mener une grossesse, était-ce volontaire, quel a été l'accueil de ce désir de grossesse par la famille, par le conjoint, par les médecins qui l'entourent, quelle a été la contraception, l'histoire du cancer et quelle a été l'histoire de la grossesse ? Toutes ces questions sont également intéressantes à décliner au point de vue médical, physique et aussi affectif.Pour réaliser cette enquête, nous diffusons un numéro vert, le 0800 770 736, afin de recruter des femmes ayant eu une grossesse après un cancer du sein. Il suffit aux volontaires d'appeler ce numéro afin de recevoir un questionnaire et éventuellement une assistance téléphonique pour aider à remplir certains critères. Nous espérons recueillir 1.000 à 5.000 réponses, lesquelles seront analysées, puis traitées statistiquement et donneront lieu à des publications. Nous connaîtrons ainsi pour la première fois l'histoire de ces femmes, de ces couples et de ces enfants s'il y a.Pour information, toutes les études montrent qu'il n'y a pas d'augmentation du risque de récidives de cancer du sein après une grossesse. Une grossesse est autorisée à partir du moment où le cancer du sein a été guéri. Pour leur majorité on recommande cependant d'attendre un délai de 3 ans, car la majorité des récidives surviennent entre 0 et 3 ans après la guérison d'un cancer. * Le Dr David Elia est gynécologue, rédacteur en chef du magazine GENESIS, leader de la presse gynécologique, publie régulièrement dans les revues scientifiques et est l'auteur de plus de 35 livres grand public. Il a également créé un site internet à destination des femmes (www.docteurdavidelia.com) dont la nouvelle version vient d'être mise en ligne, ainsi qu'un Podcast sur lequel on peut l'entendre : http://david100.podemus.com Et enfin, le Dr David Elia est membre du comité scientifique d'e-sante.

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