L'alcool au volant : 3.000 morts/an

Depuis que le Président de la République a fait de la sécurité routière l'un des grands chantiers de son quinquennat, les mesures envisagées pour faire baisser le nombre de morts sur la route fleurissent. Réduire l'alcoolémie à 0,3 voire 0,2g/l pour les jeunes conducteurs ou, plus radicalement, rendre délictueuse toute conduite automobile sous l'emprise de l'alcool, sont des mesures envisageables. Mais peut-on en évaluer a priori l'impact ?

Pas de donnée sur l'alcoolémie pour 40% des accidents mortels

La responsabilité de l'alcool dans les accidents de la circulation n'est pas clairement chiffrée en France, les informations sur l'alcoolémie des conducteurs n'étant pas connues pour tous les accidents corporels. Néanmoins, des données récentes ont été publiées (voir référence) qui permettent de s'en faire une idée assez précise : sur 6.920 accidents mortels répertoriés en 2001, 4.326 seulement (soit 62%) sont documentés avec des informations sur l'alcoolémie du ou des conducteurs. Parmi ces 4.326 accidents, 1.349 (soit 31%) sont des accidents dans lesquels au moins un des conducteurs avait une alcoolémie positive.

Pyrénées-Orientales et Ardennes : attention danger !

La proportion d'accidents mortels avec alcool reste relativement constante depuis 1994 (autour de 30%), mais connaît de très fortes disparités d'un département à un autre ; les taux les plus élevés sont atteints en Pyrénées-Orientales (45%) et dans les Ardennes (40%), les plus bas étant relevés en Aveyron (13%) et dans l'Oise (16%).

Environ 75% des décès lors d'accidents avec alcool se sont produits la nuit et 53% les nuits de week-end. Il est bien évidemment tentant, à partir de ces données, de se livrer à une estimation du nombre d'accidents mortels qui auraient été évités si aucun conducteur n'avait eu une alcoolémie supérieure au taux maximum autorisé. Les auteurs de ce travail font ce calcul, tout d'abord en ne travaillant que sur les 1.349 accidents mortels avec alcool, lesquels ont entraîné la mort de 1.554 personnes ; ils obtiennent ainsi un nombre de 1.217 vies sauvées. Mais c'est faire abstraction des 2.600 accidents mortels pour lesquels les données sur l'alcoolémie des conducteurs ne sont pas connues. A partir de là, on entre dans les subtilités statistiques.

Pour les auteurs du rapport, le total de vies sauvées si les conducteurs impliqués avaient une alcoolémie négative serait de l'ordre de 2.000 ; mais d'autres voix s'élèvent pour dire que ce serait plutôt entre 2.500 et 3.000 vies.

Mais qu'importe la méthode de calcul retenue : l'unique certitude, c'est que le « zéro alcool » au volant permettrait de sauver plus de 2.000 vies par an. N'est-ce pas déjà suffisant pour justifier une décision de santé publique ?

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Source : INPES, Alcool Actualités n°9, septembre-Octobre 2002. www.securiteroutiere.equipement.gouv.fr (aller dans " accidents ", puis " L'accidentologie générale, bilan 2001 " : dans " autres analyses ", ouvrir le document " alcool et accidents de la route "). Visité le 30/09/02.