Les phytoestrogènes sont-ils efficaces pour prévenir l'ostéoporose ?

Certaines femmes, méfiantes face aux médicaments, se tournent vers les médecines douces qui représentent une alternative tentante, notamment aux traitements hormonaux dans le cadre de la ménopause et de l'ostéoporose. Le GRIO (Groupe de Recherche et d'Information sur les Ostéoporoses) s'est interrogé sur l'efficacité des phytoestrogènes, substances végétales revendiquant une action de type oestrogènes (Isoflavones et Iprifalvones), dans la prévention de l'ostéoporose. La conclusion est sans équivoque : « dans l'état actuel des recherches, ces molécules ne peuvent absolument pas se substituer aux médicaments dans le cadre de cette maladie ».

Lors de la 14ème Journée Scientifique portant sur les différents traitements préventifs et curatifs de l'ostéoporose, le groupe GRIO, rassemblant d'imminents spécialistes français, a pris pour la première fois une position affirmée face aux phytoestrogènes en tant qu'alternative aux traitements médicamenteux.

Les phytoestrogènes

Ce sont des substances végétales naturelles délivrées en pharmacie sans ordonnance, qui n'ont pas le statut de médicament car leur efficacité oestrogénique, notamment sur la densité osseuse, n'a pas été démontrée. Deux types de phytoestrogènes sont actuellement disponibles: les Isoflavones (essentiellement issus des protéines de soja) et les Ipriflavones (des dérivés synthétiques des Isoflavones venant exclusivement du soja). Leur principale indication revendiquée concerne la correction des troubles de la ménopause, mais elle est très fréquemment étendue à l'ostéoporose.

A partir des résultats des études sur ce sujet et donc de l'état des connaissances actuelles, la conclusion du groupe GRIO est formelle: les phytoestrogènes ne peuvent en aucun cas se substituer aux médicamenteux pour prévenir et traiter l'ostéoporose. Il en est de même de l'alimentation au soja. En effet, selon un « cliché », la femme asiatique n'a pas de problème d'ostéoporose car son alimentation est riche en soja. Or, les différences de taux de fractures entre les femmes asiatiques et occidentales ne peuvent certainement pas être rapportées uniquement à un apport élevé de soja. La supplémentation en soja n'a donc pas d'incidence clairement démontrée sur la densité osseuse.

Des médicaments adaptés et efficaces pour lutter contre l'ostéoporose

L'ostéoporose n'est pas une fatalité mais une déficience hormonale que l'on peut soigner à différents âges. Le corps médical dispose aujourd'hui d'un panel de médicaments efficaces pouvant être adaptés à chaque cas. Les principaux sont représentés par:o le traitement hormonal substitutif, composé d'hormones sexuelles féminines de synthèse permettant de palier au déficit de la ménopause. Pour prévenir l'ostéoporose, il doit être suivi sur une longue période: 7 à 10 ans;o les bisphosphonates, sans action sur les troubles de la ménopause, ils annulent cependant la perte osseuse et augmentent la densité minérale de 5 à 10%. Au minimum, 3 ans de traitement sont nécessaires. Parmi les effets secondaires indésirables, on note des incidents digestifs obligeant à respecter certaines règles de base concernant leur prise;o les modulateurs sélectifs des récepteurs aux estrogènes ont un rôle protecteur contre l'ostéoporose et les maladies vasculaires sans augmenter, voire en diminuant, le risque de cancer du sein. Ils réduisent de 50% les risques de tassements vertébraux, mais ne protègent pas des fractures périphériques, comme celle du col du fémur.

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Source : 14ème Journée Scientifique sur l'ostéoporose, Maison de la Chimie, Paris, Groupe de Recherche et d'Information sur les Ostéoporoses (GRIO), mars 2001.