Cholestérol : banalisation des statines ?

Les médicaments utilisés pour lutter contre l'excès de cholestérol sont remarquables de par leur efficacité. Mais un régime diététique bien conduit peut l'être tout autant. Alors pourquoi risquer d'être victime d'effets secondaires médicamenteux alors qu'un régime peut déjà à lui seul réduire le taux de cholestérol de 15% ?

Aujourd'hui, le traitement contre l'excès de cholestérol est bien défini : suivi de règles hygiéno-diététiques élémentaires comprenant alimentation équilibrée, exercice physique et arrêt du tabac. Trois mois plus tard, si les objectifs ne sont pas atteints, des médicaments hypolipémiants peuvent être prescrits (statines, fibrates). Mais face à la très forte augmentation de vente des hypolipémiants (+20% par an en France sur les 15 dernières années), l'Assurance maladie s'est demandé si les recommandations étaient bien respectées. Pour répondre à cette question, elle a réalisée une enquête à partir de 4.000 patients.

  • 53% d'entre eux n'ont pas suivi de régime alimentaire avant l'instauration du traitement médicamenteux.
  • 31% des fumeurs n'ont pas reçu d'incitation à arrêter de fumer et 84% continuent leur tabagisme.
  • Un tiers des patients ont reçu une prescription d'hypolipémiant sans détermination préalable de leur taux de LDL-cholestérol.

Il est fort dommage que la diététique reste le parent pauvre de la lutte contre le cholestérol et les maladies cardiovasculaires : un régime peut faire baisser à lui seul le taux de cholestérol de 15%. Une étude américaine montre même qu'une alimentation pauvre en graisse et riche en stérol d'origine végétale, en protéines de soja, en amandes et en fibres, permet de réduire le taux de LDL-cholestérol de 30%, soit un résultat aussi efficace que le traitement par statine.De la même façon, il est montré que l'arrêt du tabac évite 50% de récidive d'un évènement coronarien dès la première année.

Traitement diététique : recommandations de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (AFFSAPS)

  • remplacer le beurre par des huiles végétales (mono et poly-insaturées essentielles) ou par des margarines « molles » qui ne sont pas en emballage papier (car saturées),
  • éviter la charcuterie, à l'exception du jambon maigre,
  • privilégier le poisson aux dépens de la viande,
  • limiter la consommation des produits laitiers les plus riches en graisses,
  • ne pas consommer plus de deux oeufs par semaine,
  • assurer un apport suffisant en fibres, en privilégiant la consommation de fruits, de légumes, de pain, de céréales et de féculents ;
  • la consommation d'alcool est acceptable (inférieure à 30 g/j). Elle doit cependant être contrôlée en cas d'hypertriglycéridémies et de surpoids.

Il est essentiel de ne pas créer de déséquilibre alimentaire notamment en calcium.Il convient également de corriger une surcharge pondérale et de favoriser la pratique d'une activité physique minimale régulière : une heure de marche par jour répond à cet objectif.La prescription diététique qui doit être progressive, obéissant à une stratégieplus ou moins rapide suivant le cas : l'important étant d'éviter la démotivation du patient.

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Source : Traitement du cholestérol : une étude de l'Assurance Maladie sur les conditions de prescription initiale des médicaments hypolipémiants (statines, fibrates) en France en 2002 ; http://www.ameli.fr/174/DOC/1152/dp.html ; JAMA, 290 : 502-10, 2003 ; Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, " La prise en charge thérapeutique du patient dyslipidémique ", 2000.