Scooters : dans la vraie vie, il n'y a pas toujours de deuxième chance...

Confrontés jour après jour à l'arrivée aux urgences de jeunes conducteurs de scooter accidentés, qui se sentaient pourtant invulnérables, un chirurgien orthopédiste et traumatologue, le Dr Laurent Pidhorz et un urgentiste, le Dr Patrick Serre, ont décidé de réagir en s'impliquant personnellement dans la prévention.
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e-sante : Scooters et accidents, quelle réalité ?

Dr Laurent Pidhorz : Il y en a beaucoup, voire trop. Selon une étude menée en 2000 à l'hôpital du Mans, 1.000 accidentés de la voie publique ont été admis durant les cinq mois de l'étude aux urgences, dont 69 scootéristes, parmi lesquels 18 ont été hospitalisés et 14 opérés par un collègue du service. Pour nous, les accidents de scooters représentent 7% de la traumatologie routière, sachant que les motos représentent 15%, les voitures 53%, le reste étant des piétons, les vélos, les poids lourds et les indéterminés, comme les Quads qui commencent à arriver. C'est pour montrer cette réalité que nous sommes allés sur le terrain. Une nouvelle étude est en cours, dont les résultats devraient être prochainement disponibles.

e-sante : Quelles sont les conditions accidentelles spécifiques ?

Dr Laurent Pidhorz : Premièrement, la prise de risque. Ce sont des gamins qui possèdent un véhicule limité à 50 km/h, qu'ils pouvaient autrefois débrider de façon « normale ». Au final, ils se retrouvent avec un engin pouvant monter à 70-80 km/h, mais avec une sécurité passive qui n'est plus du tout adaptée au véhicule. Ils ont ainsi dans les mains un objet roulant qui n'est plus adapté à la vitesse à laquelle ils roulent. Deuxièmement, le port du casque, souvent mal utilisé (inadapté en taille, non fixé, voire pas mis du tout). Il existe de multiples histoires de gamins n'utilisant pas le casque à bon escient, avec un risque de lésions associées du crâne ou de la colonne vertébrale, occasionnées par celui-ci, alors que ces casques devraient les protéger. Troisièmement, les vêtements. L'été, c'est plus confortable de porter un tee-shirt et un short, mais si ça glisse par terre, les blessures ne sont plus du tout les mêmes, les fractures sont plus ouvertes, la peau est râpée et on peut se retrouver marqué à vie. Quatrièmement, l'alcool et la drogue. On commence à voir de plus en plus d'ados qui en prennent et qui augmentent ainsi leur risque d'accident. Et enfin, l'ordinateur. Nous sommes dans la génération ordinateur et les jeunes essaient de reproduire dans la vie de tous les jours un jeu d'ordinateur. Le problème est qu'ils oublient vite, qu'une fois le jeu terminé, c'est-à-dire une fois l'accident survenu, il n'y a pas de nouvelle vie, « le game n'est pas over » mais définitif et laisse souvent de vraies séquelles.

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