Alcool et drogue : un handicap en entreprise

Selon deux enquêtes réalisées par BVA pour le compte de l'Institut national de prévention et d'éducation pour la santé, l'alcool constitue un risque au travail selon 63% des directeurs de ressources humaines (DRH). Tabac et cannabis sont également en cause.

Alcool au travail : 62% des entreprises

Ces enquêtes réalisées par téléphone auprès de 811 sociétés (dont 709 de plus de 50 salariés) et auprès de 971 salariés ou actifs travaillant à leur compte, a permis de faire un constat sur l'impact de l'alcool, du tabac et du cannabis en entreprise :

  • 62% des entreprises sont confrontées à l'alcool,

  • 33% au tabac,

  • 14% au cannabis.

    Si la loi Evin, appliquée dans 9 entreprises sur 10, a permis de limiter les problèmes liés au tabac, l'alcool reste très préoccupant, tant sa responsabilité dans les accidents du travail et les maladies professionnelles est forte. Ce sont 11% des actifs qui boivent de l'alcool, en dehors des repas et des pots ! La consommation de l'alcool est citée en troisième position des préoccupations des dirigeants derrière la prévention des accidents du travail et des risques professionnels.

L'employeur est responsable

Ce qui n'est pas assez connu, c'est qu'en matière de santé, c'est l'employeur qui est responsable, comme si sa société était une ville dont il était le maire. Depuis la loi de modernisation sociale de 2002, le chef d'entreprise est même directement responsable de la santé mentale et physique de ses collaborateurs, et il doit prendre toutes les mesures d'information, de formation, d'éducation et de prévention, nécessaires. La jurisprudence a ainsi montré que si un employé quittait une entreprise en ayant trop d'alcool dans le sang et qu'il provoquait un accident, c'était son patron qui était pénalement responsable.

Reste que l'on n'est pas bien armé contre l'alcool. Tous les employeurs interdisent la consommation d'alcool, en dehors des repas, et pourtant, les conséquences de l'alcool en entreprise sont redoutables. Selon les salariés eux-mêmes, l'alcool est responsable de :

  • 43% des sanctions,

  • 44% des problèmes relationnels,

  • 59% des accidents,

  • 34% de l'absentéisme,

  • 51% des problèmes de santé,

  • 55% des défauts de qualité du travail,

  • 53% de la mauvaise image de l'entreprise,

  • 41% de la détérioration de l'ambiance au travail.

    Les conséquences sont lourdes et personne ne dispose aujourd'hui d'une vraie solution, en dehors de la prévention et des sanctions. Certaines entreprises, encore très rares, sont allées jusqu'à interdire complètement l'alcool dans leurs locaux et lors des repas d'affaires. Elles constatent que la mesure s'est plutôt bien passée, un peu comme pour l'interdiction de l'alcool dans les stades : on râle au début, puis on s'y fait… Contrairement à une idée reçue, l'alcool n'est considéré comme une culture de l'entreprise que par 10% des salariés. Et les buveurs restent minoritaires. Il s'agit donc d'un nouveau chantier dans les sociétés, comme a été celui du tabac. Quant au cannabis, c'est surtout à l'embauche que les entreprises commencent à s'organiser pour détecter les consommateurs.

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Source : Equilibres N°17, juin 2006 - INPES.