Des prématurés à 35% !

C'est une première : un médicament indispensable à la survie des bébés prématurés ne sera plus pris en charge à 100% mais à 35%. Les néonatalogistes protestent contre cette mesure qui va à l'encontre des discours officiels, affirmant que la Sécurité sociale assurera toujours le gros risque, notamment pour les plus faibles. Si un prématuré en lutte pour sa survie n'est pas un être faible qui court un gros risque, alors on peut se poser beaucoup de questions…
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Risque infectieux respiratoire accru chez les prématurés

Les prématurés de moins de 35 semaines (rappelons que l'accouchement normal s'effectue à la 42e semaine) sont très exposés au risque infectieux surtout au niveau des poumons. Le virus le plus redouté est le virus syncytial qui peut les emporter ou leur laisser de graves séquelles pulmonaires. Ils sont 6.000 chaque année dans ce cas et il existe un traitement préventif très efficace, le Synagis®, un anticorps monoclonal spécialement fabriqué contre ce virus. Le problème, c'est son coût de 5.000 euros pour les 5 injections nécessaires au traitement.

Les pédiatres montent au créneau

Jusqu'à présent pris en charge à 100%, la Sécurité sociale ne le prendra plus en charge qu'à hauteur de 35%, comme un simple médicament à effet thérapeutique modéré et non indispensable. Les mutuelles protestent de ne pas avoir été averties : elles ne sont pas préparées au surcoût de la mesure, qui est de 11 millions d'euros. Surtout, ce sont les pédiatres qui se mobilisent contre cette décision qu'ils ne comprennent pas.

Dans un plaidoyer « pour protéger l'avenir de nos enfants prématurés », le Pr Brigitte Fauroux de l'hôpital d'enfants Armand-Trousseau (Paris) dénonce « une décision unilatérale, prise sans aucune concertation ni information préalable et ne reposant sur aucune donnée scientifique ». Elle rappelle que « la France peut s'enorgueillir de son plan de périnatalité élaboré en 2005 : plus d'humanité, plus de proximité, de sécurité et de qualité… » et affirme qu' « une démocratie se doit de protéger les plus fragiles de ses membres. Les prématurés et les grands prématurés doivent pouvoir bénéficier du même droit citoyen à l'accès aux soins. »

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Source : Le Quotidien du Médecin - N°8040 - Lundi 30 octobre 2006.