Pourquoi les Français sont-ils si déprimés ?

Côté dépression, les Français occupent l'avant-scène avec une consommation annuelle de près de 65 millions de boîtes d'antidépresseurs, soit deux fois plus que les Anglais, les Allemands ou les Italiens. Comment expliquer cette spécificité française ?

En considérant la surconsommation d'antidépresseurs, on peut naturellement supposer que les Français sont plus dépressifs que leurs voisins européens. Cette question a été soulevée lors des Amphis de psychiatrie par le Pr Claude Lepen, économiste de la santé. On estime le coût médical de la dépression en France à 1,3 milliard d'euros par an (10 milliards aux Etats-Unis ; 600 millions au Royaume-Uni). Et pourtant, ce chiffre ne comprend pas le coût « social », c'est-à-dire le coût indirect et non médical de la maladie. Celui-ci est lié à la perturbation de la vie sociale, notamment en termes d'activités professionnelles et de suicides (10.000 suicides par an sont attribuables à la dépression).Quant à la consommation pharmaceutique liée à la dépression, les Français font partie du peloton de tête au sein de l'Europe, avec 65 millions de boîtes d'antidépresseurs vendues par an (et 156 millions d'anxiolytiques et d'hypnotiques), soit environ 730 millions d'euros. Cette consommation, qui augmente depuis dix ans au rythme annuel de 5% (1,5% pour les anxiolytiques et les hypnotiques), est deux fois plus importante que celle observée en Italie, en Allemagne et au Royaume-Uni.Comment expliquer cette surconsommation française d'antidépresseurs ? Sommes-nous plus vulnérables à la dépression ? L'origine est-elle constitutionnelle ou sociale ? Notre mode de vie est-il responsable ?Il semblerait que non. Les résultats des quelques études disponibles sur ce sujet suggèrent que toute l a chaîne de prise en charge est plus « productive » en France qu'ailleurs. En effet, par comparaison avec d'autres pays européens, les Français déprimés consultent plus souvent leur médecin, lequel prescrit davantage de médicaments et surtout des antidépresseurs…Surconsommation ou pas, ce qui est sûr, c'est qu'il faut consulter devant la persistance de symptômes dépressifs.

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Source : Les Amphis de psychiatrie, Paris, 18 octobre 2005, communication du Pr Claude Lepen, économiste de la santé, Université Paris-Dauphine.