Pilule : comment supprimer les règles ?

Le Dr David Elia* nous explique qu'il n'y a rien de plus simple que de supprimer les règles. Il suffit d'enchaîner les plaquettes de pilules. Mais avant de choisir la pilule en continu, il est nécessaire de se poser une question afin de peser les avantages et les inconvénients de supprimer les règles. En bref, on peut supprimer les règles à convenance mais au cas par cas.
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Les femmes sont-elles nombreuses à souhaiter supprimer leurs règles ou les retarder ?

On constate une très nette évolution. Il y a trente ans, supprimer les règles semblait complètement surnaturel à toutes les femmes. Dix ans plus tard, 50% des jeunes filles et des jeunes femmes étaient plutôt favorables à l'idée d'arrêter leurs règles, mais à condition qu'il n'y ait pas d'effet délétère sur leur santé et sur leur poids.

Aujourd'hui, cette tendance s'est fortement accentuée. Les mentalités ont évolué et les règles sont de moins en moins attachées à la symbolique féminine de fertilité, de sexualité et de séduction. Auparavant, c'était indissociable et on ne pouvait être une femme que si on avait des règles. Ces idées reçues sont complètement revisitées par les jeunes générations, qui sont d'ailleurs de plus en plus habituées à compter sans leurs règles, grâce aux nouveaux moyens de contraception dont on dispose (stérilet Mirena®, implant, micropilule).

En effet, ils font souvent disparaître les règles et les femmes sont désormais habituées au fait que l'on peut parfaitement vivre sans règles.

En bref, les femmes ne sont pas indifférentes à des moyens qui permettent de supprimer les règles, et elles sont même demandeuses lorsqu'elles souffrent de leurs règles.

Y a-t-il un risque à enchaîner les plaquettes de pilules pour supprimer les règles ?

Quand Grégory Pincus a inventé la pilule, il s'est vraiment demandé ce qu'il allait faire avec les règles, puisque sous pilule ce sont de fausses règles qui n'ont aucune signification physiologique. Explications.

Les vraies règles constituent le dernier évènement d'un ballet hormonal qui se répète 12 à 14 fois par an : début du cycle, ovulation, non-fécondation puis effondrement de la muqueuse utérine qui s'était préparée à accueillir un éventuel œuf fécondé : les règles.

Sous pilule, les règles n'ont rien à voir avec ce cycle physiologique, car ce sont les hormones de la contraception qui induisent une petite poussée de la muqueuse, laquelle s'effondre dès l'arrêt des hormones en fin de la plaquette de pilules.

C'est pourquoi les règles sous pilule sont moins abondantes, plus courtes et sans douleur.

Mais en 1956, avec les pressions religieuses de l'époque, Pincus n'avait pas vraiment le choix. La contraception était déjà quelque chose de scandalisant, si en plus il n'y avait pas de règles... il est probable que la pilule n'aurait pas vu le jour !

C'est donc surtout pour calmer l'église qu'il a décidé qu'il y aurait des règles, mais aussi pour faciliter l'acceptation des femmes, qui, étant donné les mentalités de l'époque, ont apprécié le fait qu'il y ait du sang déclenché tous les mois à date fixe, mimant ce qui se passait auparavant.

Et c'est ainsi que la contraception 21 jours sur 28 a été choisie, alors que toutes les autres possibilités étaient parfaitement possibles : 35 jours sur 40, un mois sur deux, trois mois sur six, etc.

Le seul avantage qu'un médecin puisse trouver au 21 jours sur 28, c'est que pour le même effet contraceptif, on a une semaine sans produit. Pour avoir un effet contraceptif, on sait que trois semaines sur quatre sous pilule constituent une durée suffisante. Il est donc inutile de la prendre pendant 4 semaines.

En revanche, si on ne veut pas de règles, il suffit de prendre la pilule en continu.

La question est donc la suivante : est-ce que le fait de ne pas avoir de règles pendant 3 mois, vaut les trois semaines supplémentaires d'hormones ?

La réponse dépend de chaque femme. Ce sera oui par exemple en cas de règles très douloureuses.

Mais si les règles n'ont pas d'inconvénient, il n'y a aucun bénéfice médical à prendre la pilule en continu.

Citons un autre avantage de la pilule non-stop pour certaines femmes : les oublis de pilule sont fréquents et ils surviennent souvent dans la période des 7 jours d'arrêt, les femmes oubliant de la reprendre. Cet inconvénient peut être évité lorsqu'il n'y a pas d'interruption. Avec des IVG en moins à la fin du compte.

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