Moins on boit d’alcool, meilleur c’est pour le cœur

La question du bénéfice pour le cœur de petites doses d’alcool quotidiennes est discutée depuis longtemps.Une grande étude internationale vient enfin de répondre à cette interrogation : moins on boit d’alcool, meilleur c’est pour le cœur !Maintenant nous pourrons boire modérément, voire très modérément en connaissance de cause.
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Cette question du bénéfice de petites doses d’alcool pour le cœur aura fait couler beaucoup d’encre. On a même été jusqu’à préconiser la consommation modérée d’un peu de vin, censé être meilleur que le whisky ou la bière grâce à ses tanins riches en polyphénols. En pratique, les études dont nous disposions jusqu’à maintenant montraient qu’en comparaison de ceux qui étaient complètement abstinents, ceux qui buvaient un petit peu d’alcool étaient légèrement moins exposés aux maladies cardiovasculaires. Mais les résultats n’étaient jamais significatifs, donc certains.

Des études favorables à l’alcool très contestables

Les détracteurs de ce constat remarquaient que le groupe des non-buveurs était en grande partie composé de personnes ne pouvant plus boire d’alcool du fait de leurs maladies (cancers, cirrhose, etc.). De ce fait ils constituaient un mauvais groupe de comparaison.

D’où l’idée de prendre comme groupe de comparaison, ceux qui ne boivent pas ou très peu d’alcool du fait d’une disposition génétique les empêchant d’en apprécier les agréments. Une fois ingéré, l’alcool est en effet transformé par le foie en acétaldéhyde, grâce à une enzyme, l’Alcool Déshydrogénase ou ADH1B. Ceux qui sont porteurs de l’allèle A de cet enzyme sur leurs chromosomes sont des métaboliseurs rapides : chez eux l’alcool est quasi immédiatement transformé en acétaldéhyde. Or c’est ce métabolite qui provoque les effets désagréables de l’alcool, notamment le flush, avec des rougeurs et des picotements de la face. De ce fait les porteurs de ce gène ne boivent pas ou presque, tout en étant en bonne santé.

Les abstinents de l’alcool pour raison génétique sont en meilleure santé

Les auteurs de ce travail publié dans le BMJ ont ainsi regroupé les résultats de 261.991 participants de 56 études épidémiologiques, dans lesquelles ont avait recherché cette variante du gène de l’ADH1B. Il en ressort effectivement que les porteurs de ce gène sont davantage abstinents (- 27 %) et consomment moins d’alcool que les autres participants (-17 %). Ils sont aussi moins enclins à boire occasionnellement de manière excessive (-22 %).

Il en ressort aussi qu’ils sont en bien meilleure santé que ceux qui boivent davantage qu’eux, même de manière très modérée. Leur tension artérielle systolique est ainsi plus basse de 12 %, leur tour de taille également, ainsi que leur indice de masse corporelle de 17 %. Surtout, ils présentaient moins d’attaques cardiaques et moins d’accidents vasculaires cérébraux que les autres.

Le dogme de l’effet bénéfique d’une consommation modérée d’alcool vient de tomber. Ce n’est pas illogique dans la mesure où l’on savait déjà :

  • que l’alcool et son métabolite, l’acétaldéhyde, sont cancérigènes, même à faible dose ;
  • que l’alcool est responsable de 55.000 décès en France, un chiffre important qui n’est comparable qu’avec les 72.000 décès dus au tabac ;
  • que l’estimation de la dose d’alcool optimale pour les bénéfices santé était déjà très basse, soit un verre par semaine.
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