MICI : la flore intestinale joue un rôle primordial

Selon des chercheurs français, la génétique n’explique pas à elle seule les dérèglements inflammatoires à l’origine des MICI ou maladies inflammatoires chroniques de l’intestin (maladie de Crohn et rectocolite hémorragique). Des facteurs environnementaux comme la composition de la flore intestinale jouent également un rôle certain. Cette découverte pourrait mener à l’élaboration de nouveaux traitements.

La flore intestinale est impliquée dans les MICI

Les MICI se caractérisent par une inflammation inappropriée du tube digestif, évoluant par poussées inflammatoires de durée et de fréquence variables, et touchant le plus souvent des jeunes adultes des pays industrialisés. Plusieurs gènes conférant une susceptibilité à développer ce type de maladies ont été identifiés, dont le gène CARD9 codant pour une protéine impliquée dans le système immunitaire et notamment dans la reconnaissance des micro-organismes.

Mais suite à des expérimentations menées chez des souris génétiquement modifiées, les chercheurs de l’Inserm, l’Inra, l’UPMC et l’AP-HP, concluent que la génétique n’explique pas tout et que des facteurs environnementaux, comme des perturbations de la flore bactérienne, sont également impliqués. En effet, si l’on transplante la flore intestinale de souris atteintes de MICI à des souris indemnes et non porteuses de gènes de prédisposition, elles développent une hypersensibilité à l’inflammation intestinale. La composition bactérienne de la flore intestinale joue donc elle aussi un rôle primordial.

Génétique, immunité et flore intestinale

Les chercheurs vont encore plus loin en montrant comment génétique, immunité et flore intestinale sont imbriquées. En effet, une mutation sur le gène CARD9 entraine, par l’intermédiaire d’un dysfonctionnement du système immunitaire, une modification de la flore intestinale (les bactéries deviennent incapables de produire des dérivés indoles, essentiels à la fabrication d'interleukine 22 aux propriétés anti-inflammatoires). Au final, « les anomalies du microbiote (flore intestinale) dans les MICI sont à la fois cause et conséquence de l’inflammation ».

Tout cela peut sembler bien compliqué pour les non initiés, mais ce que l’on peut retenir c’est que ces mécanismes qui viennent d’être identifiés sont réversibles. En effet, on peut en administrant les bonnes molécules (directement des dérivés indoles ou des bactéries capables de produire ces dérivés) rétablir la fonctionnalité de la flore intestinale.

Ces travaux de recherche doivent maintenant se poursuivre chez l’homme avant d’aboutir à des traitements.

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Source : Harry Sokol et coll., Nature Medicine, 9 Mai 2016. Communiqué de presse de l’Inserm, du 11 mais 2016, http://presse.inserm.fr/genetique-et-microbiote-intestinal-contribuent-ensemble-aux-mici/23875/.