Médicaments : que faut-il savoir sur les essais thérapeutiques ou cliniques ?

Tout nouveau médicament potentiel fait l’objet d’essais thérapeutiques ou essais cliniques. Menés chez l’animal (recherche pré-clinique), puis chez l’homme, ils sont strictement encadrés.
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Après une phase de tests toxicologiques destinés à connaître les propriétés du produit chez l’animal (stade 0), les essais sont menés chez l’homme en trois phases par le laboratoire pharmaceutique privé ou public (hôpital, clinique, Université), après une demande d’autorisation auprès des autorités : l’Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm). L’autorisation est délivrée après examen d’un protocole préétabli et après avis favorable du Comité de protection des personnes (CPP).

Les essais thérapeutiques sont alors réalisés dans des hôpitaux ou dans des centres agréés. Ils visent à déterminer les effets, l’efficacité et la sécurité du médicament, mais également les effets secondaires et indésirables, et à établir des données pharmacocinétiques (absorption, distribution…).

Trois phases d’essais cliniques chez l’homme

Phase I :

Évaluation globale de la tolérance, de l’innocuité et des effets indésirables sur un petit groupe de volontaires (10 à 40). Des quantités progressivement croissantes sont administrées sous étroite surveillance.

Phase II :

Estimation de l’efficacité du médicament et détermination de la dose optimale à délivrer (40 à 80 volontaires).

Phase III :

Comparaison de l’efficacité et de la tolérance du médicament par rapport à un traitement de référence (standard) ou à un placebo. On confirme ici les propriétés thérapeutiques du médicament sur un effectif plus important de volontaires (une centaine jusqu’à quelques milliers) et sur une plus longue durée de traitement. Sont formulées à l’issue de cette phase les recommandations d’usage, les interactions médicamenteuses et l’influence de nombreux facteurs comme l’âge.

Ces essais durent entre 5 et 10 ans et peuvent être suspendus à tout moment si la sécurité des participants est remise en cause.

Si le nouveau médicament prouve son efficacité et son innocuité, une demande d’autorisation de mise sur le marché (AMM) est présentée à l’Agence européenne des médicaments (EMA). Elle est accordée s’il présente un rapport bénéfice/risque favorable, c’est-à-dire au moins équivalent à celui des autres médicaments qui sont déjà sur le marché.

Il existe une procédure accélérée pour les médicaments d’exception (sans équivalent sur le marché) : l’autorisation temporaire d’utilisation (ATU).

Tout nouveau médicament sur le marché fait ensuite l’objet d’une surveillance rapprochée (dite de pharmacovigilance : évaluation permanente pendant des années des potentiels effets indésirables), pouvant parfois mener à son retrait du marché. Tout signe anormal inattendu doit faire l’objet d’une déclaration aux autorités du médicament. C’est qu’on appelle les essais de phase IV.

Essais thérapeutiques : le risque zéro n’existe pas pour les volontaires

Le risque zéro n’existe pas, tout volontaire sain ou atteint d’une maladie pouvant développer des effets secondaires inattendus et/ou rares à un médicament. Et ce, même s’ils sont en général comparables à ceux observés avec le traitement de référence. De plus, des mesures juridiques et déontologiques strictes relevant de la loi relative à la protection des personnes (loi Huriet-Serusclat) encadrent les essais cliniques pour sécuriser et protéger les participants. Tout volontaire reçoit les informations relatives aux objectifs, aux bénéfices attendus du médicament, aux risques prévisibles, à la méthodologie, à la durée, aux contraintes, etc., avant de signer un consentement éclairé. Dès le début, tout est entrepris pour minimiser les risques : expérimentation chez l’animal, doses progressivement croissantes, nombre initial de volontaires limités…

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Source : Agence nationale de sécurité du médicament (Ansm), http://ansm.sante.fr/Activites/Essais-cliniques/Les-essais-cliniques/%28offset%29/0. Les entreprises du médicament (Leem), http://www.leem.org. Institut national du cancer (INCa), http://www.e-cancer.fr/Comprendre-prevenir-depister/Comprendre-la-recherche/A-quoi-sert-la-recherche/Les-essais-cliniques.