Lipofilling : atouts et limites des injections de graisse

Dans les fesses, la poitrine, le visage… les injections de graisse prélevée sur le patient, ou lipofilling, remplacent les prothèses et produits de comblement. Retour sur les avantages et les limites de cette technique qui fait ses preuves.

Lipofilling : le principe

Le lipofilling aussi appelé liposculpture ou lipomodelage est une technique de médecine et chirurgie esthétique qui consiste à prélever de la graisse dans les zones où il y en a un peu trop (ventre, hanches, fesses) pour la réinjecter en sous-cutané, sous anesthésie locale ou générale, dans les parties du corps qui ont besoin d’être remodelées : visage, seins, fesses principalement, mais aussi dans la face interne des bras, dans les partes intimes. Une méthode qui permet d’éviter le recours aux implants et autres produits injectables, qui a été longuement "étudiée depuis ces 15 dernières années et qui n’est pas dangereuse" assure le Dr Lafarge-Claoué, chirurgien esthétique.
En pratique, la graisse est prélevée par liposuccion sur la patiente, puis purifiée et réinjectée dans les zones ciblées. Pour éviter de conserver la graisse, de nombreux praticiens à l’instar du Dr Lafarge-Claoué réalisent les trois étapes au cours du même acte.
  • Les avantages
Avec le lipofilling il n’y a pas d’ajout de corps étranger ce qui limite les risques de rejet. Par ailleurs, la technique permet non seulement de gagner en volume mais aussi grâce aux cellules-souches que contient la graisse d’améliorer la qualité de la peau.
Dr Lafarge-Claoué: "Dans la graisse, il y a un pourcentage très intéressant de cellules qui peuvent se régénérer. Même si la graisse est résorbable, l’effet régénérant à 3/4 mois est toujours là et au bout d’un an la peau est éclatante."
Par ailleurs, le résultat final, en dehors de toute variation de poids, est durable voire définitif. Une perte de volume de 30 à 50 % peut être constatée après la séance, mais la perte n’évoluera plus par la suite sauf en cas de forte prise ou perte de poids : "Si la patiente maigrit ou grossit, la quantité de graisse injectée va suivre ses variations de poids, mais il faut qu’elle perde au moins 10 kilos ou qu’elle en prenne une vingtaine pour que l’on constate un vrai changement."
  • Les limites
Si le lipofilling semble avoir de beaux jours devant lui, il rencontre une limite principale : la quantité de graisse. Puisque la graisse est prélevée sur la patiente, cette dernière doit en avoir suffisamment et de bonne qualité. Les personnes minces et maigres pourront difficilement prétendre au lipofilling pour redonner du volume à leur poitrine ou à leurs fesses.
Autre inconvénient, pour les fesses et la poitrine, plusieurs séances peuvent être nécessaires selon le résultat escompté.
  • Les contre-indications
Pour le Dr Lafarge-Claoué, "il n’existe pas beaucoup de contre-indications au lipofilling, on est dans un procédé naturel où il n’y a pas de risques de rejet ou d’allergie."
En ce qui concerne les risques d’infection, il s’agit avant tout pour la spécialiste d’infections liées à l’utilisation d’instrument non stérile.
Et pour éviter tout risque de nécrose des tissus, les praticiens évitent d’injecter plus de 500 g de graisse lors d’une même séance.
A noter, comme pour toute intervention des complications sont possibles mais rares. Elles doivent être expliquées par le professionnel lors de la consultation.

Lipofilling : Les principales indications

  • Lipofilling du visage
Les indications : Apporter du volume à certaines zones creuses comme les joues, les tempes, les paupières inférieures, les pommettes ; lifter les traits ; stimuler les cellules cutanées ; donner un coup d’éclat ; repulper les sillons naso-géniens.
Le Dr Lafarge-Claoué souligne l’effet régénérant du lipofilling du visage sur la peau : "En chirurgie esthétique, les cellules-souches de la graisse dynamisent les tissus sous-cutanés et stimulent l’activité des fibroblastes. A partir de 50/55 ans, le lipofilling peut se substituer au lifting."
A noter, pour le visage, les volumes nécessaires sont faibles.
  • Augmentation mammaire naturelle
Les indications : En reconstruction mammaire ; pour rehausser la poitrine ; regalber un décolleté ; le lipofilling permet également une augmentation mammaire naturelle jusqu’à 2 bonnets selon la silhouette de la patiente. "Quand la patiente est ronde, le lipomodelage peut être une alternative à la prothèse mammaire. Mais les résultats ne sont pas tout à fait les mêmes, les seins sont moins galbés avec de la graisse autologue," explique le Dr Lafarge-Claoué.
Quid des risques de cancer du sein ? Même si pour certains le sujet doit encore être débattu* et que la technique est à déconseiller aux femmes à risques, pour le Dr Lafarge-Claoué, la méthode ne favoriserait pas la récidive de cancer du sein. Elle va plus loin : "les tissus régénérés résistent mieux à la maladie. Et les travaux de l’équipe du Pr Delay ont permis de faire approuver par la Haute Autorité de Santé la réinjection de graisse dans la chirurgie réparatrice du cancer du sein." Les dernières études semblent aller dans ce sens et confirment que le lipofilling n’a pas d’impact sur les risques de récidives de cancer du sein. Toutefois, certaines précautions doivent être prises**.
  • Les fesses
Les indications : Redonner du bombé à des fesses plates ; apporter du volume. "Le lipofilling est une très bonne indication pour remodeler des fesses en pomme," explique le chirurgien esthétique. Toutefois, pour redonner du volume à des fesses plates, il faut une grande quantité de graisse.
Le lipofilling semble être un bon moyen pour resculpter certaines zones de son visage ou son corps tout en se débarrassant de certaines rondeurs...
Qui aurait dit que cette graisse qu’on ne saurait accepter pouvait avoir un tel potentiel ?
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Source :
 
Entretien avec le Dr Lafarge-Claoué chirurgien esthétique
 
Livre La chirurgie esthétique en héritage, Dr Lafarge-Claoué, éditions Dangles
 
Breast Lipofilling: A Review of Current Practice ; Abdul Kasem, Umar Wazir, Hannah Headon, and Kefah Mokbel; Mars 2015
 
Réinjection de graisse autologue ou lipostructure, fiche de la Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique (SoFCPRE) 
Transfert graisseux pour la correction des séquelles du traitement conservateur du cancer du sein, fiche de la Société Française de Chirurgie Plastique, Reconstructrice et Esthétique (SoFCPRE)
 
* Interaction Between Breast Cancer Cells and Adipose Tissue Cells Derived from Fat Grafting, extrait disponible en ligne ici
** Lipofilling et cancer du sein : où en sommes-nous en 2015 ?, extrait disponible en ligne ici