Hier le Vioxx®, aujourd'hui le Célébrex®... Suspicion sur l'industrie pharmaceutique

En septembre 2004, les laboratoires Merck ont décidé de retirer du marché leur médicament dénommé Vioxx®, en raison d'une augmentation du risque d'accidents cardiovasculaires. Aujourd'hui, le même doute plane sur son concurrent, le Célébrex® de Pfizer. Mais au-delà de la question du rapport bénéfice/risque des médicaments, une forte suspicion s'installe autour de la transparence des essais cliniques.

Depuis le retrait du Vioxx®, le doute pèse sur tous les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) de type coxibs ou anti-Cox-2. Comme dans le cas du Vioxx®, un essai clinique évaluant l'efficacité du Célébrex® a été interrompu car les résultats intermédiaires ont mis en évidence une augmentation du risque d'évènements cardiovasculaires.Ce risque serait multiplié par 2,5 pour les patients prenant les plus faibles doses, et par 3,4 pour les plus fortes doses de Célébrex®.

En France, le Célébrex® est réservé au traitement des douleurs de l'arthrose et de la polyarthrite rhumatoïde. Des centaines de milliers de Français utilisent ce médicament pour soigner leur arthrose. Or il semblerait que cette spécialité pharmaceutique ait provoqué 400 effets secondaires graves en France. Les plus fréquents sont des effets cutanés, des accidents vasculaires cérébraux et des cas d'hypertension artérielle. Cette information est d'autant plus inquiétante que ces effets indésirables se sont produits dans des conditions normales d'utilisation de ce médicament, c'est-à-dire, ni en cas de surdosage, ni en dehors des indications.

Tandis que l'Association des victimes d'accidents de médicaments envisage une plainte commune des patients, une réunion à l'échelon européen des agences nationales est prévue début janvier, afin de revoir l'ensemble des données disponibles et de décider si le Célébrex® doit être interdit ou non. Parallèlement, Pfizer a décidé d'arrêter la publicité pour le Célébrex® aux Etats-Unis.

Toujours est-il que la suspicion s'accroît sur les autorisations des médicaments. On peut effectivement se poser des questions quant à la transparence des procédures des autorisations de mise sur le marché. En effet, les laboratoires n'étaient jusqu'à présent pas obligés de fournir l'intégralité de leurs données cliniques, y compris les essais aux résultats négatifs.

Dans ce contexte, soulignons l'action exemplaire des laboratoires Lilly, qui confirment leur engagement de transparence en rendant publics tous les résultats de leur recherche médicale. Ainsi, les données portant sur tous les essais des produits commercialisés par Lilly seront en ligne sur un site internet (www.lillytrials.com), qu'ils soient favorables ou non aux produits Lilly.

Souhaitons que cette démarche innovante dans l'industrie pharmaceutique soit rapidement imitée par l'ensemble des autres laboratoires.

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Source : Communiqué de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé, 17 décembre 2004.