Fécondation in vitro : que faut-il savoir avant de se lancer ?

Bébé ne vient pas ? Vous envisagez de recourir aux techniques d'assistance médicales à la procréation ? Le Dr Joëlle Belaisch Allart* nous explique comment fonctionnent les centres de fécondation in vitro (FIV) et nous indique les principaux points à connaître pour bien choisir son centre.

Dr Joëlle Belaisch Allart : Vous désirez un enfant, il ne vient pas ? Si au bout d'un délai d'un an ou si vous présentez des troubles évidents (par exemple vos règles n'arrivent que tous les 2 à 3 mois), parlez-en à votre médecin ou à votre gynécologue. L'idéal est en fait d'en parler avant même l'arrêt de la contraception pour que celui-ci puisse vérifier avec vous votre immunité vis-à-vis de rubéole et de la toxoplasmose, vous conseiller l'arrêt du tabac ou un poids idéal si besoin.Après avoir pratiqué les examens permettant de comprendre pourquoi bébé n'arrive pas, dans un certain nombre de cas, votre médecin vous orientera vers un centre de fécondation in vitro.

Toute équipe de fécondation in vitro comprend une équipe clinique (des gynécologues spécialisés dans le domaine de l'infertilité) et une équipe biologique (des biologistes spécialisés dans le domaine de la reproduction aidés par des techniciens de laboratoire, également spécialisés dans ce domaine). Toutes ces personnes travaillent dans des locaux comprenant au minimum un bloc opératoire et un laboratoire, dans une clinique ou un hôpital.En France, les techniques d'assistance médicale à la procréation (qui comprennent la FIV, la FIV assistée ou micro-injection - ISCI - et les inséminations) sont extrêmement encadrées depuis les lois dites de bioéthiques de 1994 et de 2004. Ainsi, pour avoir le droit de faire de la fécondation in vitro, le gynécologue (tout comme le biologiste) doit avoir obtenu un agrément. Jusqu'en 2006, celui-ci était délivré par le Ministère de la Santé. Depuis le 1er janvier 2007, cet agrément est obtenu auprès de l'Agence de biomédecine, au vu des diplômes, de la formation et de l'expérience du praticien. Il se renouvelle tous les 5 ans. De la même façon, tout centre, qu'il s'agisse d'une clinique ou d'un hôpital, doit disposer d'une autorisation pour fonctionner. Autrefois délivrée par le Ministère de la Santé, elle l'est désormais par les Agences régionales d'hospitalisation (ARH), au vu de l'examen des locaux et des résultats du centre. Cette autorisation est également à renouveler tous les 5 ans.La liste des centres autorisés et des cliniciens agréés est disponible auprès de l'Agence de biomédecine.

e-sante : Quelles sont les principales différences entre le secteur public et privé ? Dr Joëlle Belaisch Allart : En France, la FIV peut effectivement être réalisée dans le secteur privé (les cliniques) ou public (les hôpitaux). Chacun des deux systèmes a ses propres avantages et inconvénients. À l'hôpital, c'est toute une équipe qui vous prendra en charge. Ainsi, le médecin qui fera la ponction pour recueillir les ovocytes ou le transfert d'embryon n'est pas obligatoirement celui que vous voyez en consultation. Ce système d'équipe permet d'assurer un fonctionnement continu 7 jours sur 7 et le plus souvent, tous les examens nécessaires au bon déroulement de votre tentative sont réalisés sur place, dans le centre même (prises de sang, échographies pour surveiller la stimulation de l'ovulation).

Dans le privé, les consultations ont lieu au cabinet du gynécologue spécialisé dans la reproduction et la tentative de FIV aura lieu dans la clinique où celui-ci pratique. Comme à l'hôpital, la prise en charge est totalement gratuite pour 4 tentatives de FIV ou de micro-injections et 6 inséminations intra-utérines. Mais en clinique privée, si le médecin travaille en secteur 2, il peut demander des honoraires supplémentaires non pris en charge par la Sécurité sociale, et plus ou moins pris en charge par les mutuelles. Le médecin est tenu d'en informer avant le début de la tentative et vous devrez de votre côté vous renseigner auprès de votre mutuelle.Tous les centres rendent compte de leur travail à l'Agence de biomédecine (ABM). A ce jour, seuls les résultats globaux français figurent sur le site de l'ABM (nombre de grossesses obtenues par centre). Dans l'idéal et peut-être dans l'avenir, les résultats de chaque centre seront rendus publics. Toutefois, il faut savoir que les résultats d'un centre sont étroitement liés à la population de femmes traitées, ce qui rend impossible une publication brute des résultats. Par exemple, les femmes jeunes (de moins de 35 ans), non fumeuses, de poids normal et lors de leurs deux premières tentatives ont les meilleurs résultats. Il est donc très difficile de juger la qualité d'un centre ! Dans ces conditions, renseignez-vous sur le nombre de tentatives réalisées chaque année dans le centre (sauf exception, les plus petits centres n'ont pas les meilleurs résultats), la possibilité de bénéficier de FIV ou de fécondation assistée (micro-injection ou ICSI ), les taux de succès de la congélation d'embryon, la possibilité de recourir à une anesthésie lors de la ponction, l'âge limite de prise en charge (attention : la Sécurité sociale ne prend en charge que jusqu'au 43e anniversaire !). Bien sûr, vous irez sur les sites Internet spécialisés. Mais attention, soyez méfiants vis-à-vis de certains commentaires, on s'exprime plus souvent lorsqu'on n'est pas content et bien moins pour dire combien on est satisfait !A noter que votre gynécologue et votre médecin traitant, vous connaissant et connaissant les qualités des centres de FIV de votre région, sont les plus à même de vous conseiller celui ou ceux dont l'atmosphère vous conviendra le mieux. Bonne chance !* Joëlle Belaisch Allart est chef du service de Gynécologie Obstétrique et Reproduction Humaine au Centre hospitalier des Quatre villes sur le site de Sèvres.

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