Faut-il craindre le paracétamol et le riz suite aux alertes de la FDA ?

La Food and Drud Administration (FDA), en charge de la sécurité alimentaire et médicale aux États-Unis, a lancé ce mois d’août 2013 une alerte sur le paracétamol qui pourrait donner des atteintes cutanées, rares, mais graves. Faut-il écouter de telles alertes ? Pourquoi les grandes administrations cherchent-elles à effrayer les populations ?
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Après le riz, le paracétamol

Déjà en septembre 2012, la FDA s’en prenait au riz qui pourrait contenir de l’arsenic. Cette alerte poussa le Ministère la Santé danois à publier une recommandation en mai 2013 que nous avions relayée et analysée dans nos pages dans l’article de Paule Neyrat « De l’arsenic dans notre assiette » (https://www.e-sante.fr/arsenic-dans-notre-assiette/actualite/1835). Nous avions bien entendu essayé d’en dégager des conseils pratiques pour continuer à manger du riz comme avant : il n’y a vraiment pas lieu de se faire peur pour un peu d’arsenic, composé qui est très commun dans la nature.

Ce mois d’août, la FDA pousse le bouchon encore plus loin de mon point de vue : elle signale que des cas graves d’atteintes cutanées ont été observés avec le paracétamol, l’antalgique le plus utilisé au monde et donné à tous les patients, sans aucune contre-indication en dehors des exceptionnelles allergies. Elle aurait ainsi colligé, entre 1969 et 2012, 91 cas de syndrome de Lyell et 16 cas de pustulose exanthématique aiguë généralisée (PEAG). Ces 107 cas ont entraîné 67 hospitalisations et 12 décès. Si je calcule bien, 12 décès en 43 ans, cela fait un décès tous les 3-4 ans aux États-Unis, soit un cas tous les 18 ans en France ou encore un tous les siècles en Belgique.

Autrement dit, on peut continuer tranquillement à prendre notre paracétamol, sans aucune arrière-pensée et on peut aussi jouer au loto, car les chances de gagner le gros lot sont nettement supérieures à celles de subir une telle complication, même mortelle. En effet, on observe pratiquement un nouveau millionnaire grâce au loto chaque semaine !

Le même prétexte pour retirer du marché le Dextropropoxyphène

Ce que je trouve inquiétant avec ce qu’il faut bien appeler une dérive de la peur, c’est que ces arguments sont ensuite repris soit par des Cassandres de la presse à sensation médicale, soit par les autorités à la recherche de prétextes pour interdire un médicament. C’est ainsi que l’an dernier de nombreux rhumatologues nous ont avertis que les autorités retiraient du marché le Dextropropoxyphène, l’anti-inflammatoire le plus puissant du marché, jusque là indispensable pour soulager les formes graves de polyarthrite rhumatoïde.

Là encore c’était le syndrome de Lyell qui était mis en exergue, bien que les rhumatologues affirmaient n’en avoir jamais vu de leur carrière. Pis, faute de Dextropropoxyphène, les spécialistes sont maintenant amenés à prescrire des molécules nettement plus puissantes, plus chères, et moins bien tolérées.

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