Faut-il avoir peur des antennes-relais ?

Perchées aux sommets de nos immeubles et de nos écoles, elles inquiètent. Certains les accusent d'être dangereuses pour notre santé, de causer migraines et nausées et d'augmenter le risque de développer un cancer. D'autres les déclarent totalement inoffensives. Mais que sait-on réellement des antennes-relais et de leurs effets sur l'organisme humain ?

Depuis le début de l'année, les décisions de justice contraignant les opérateurs de téléphonie mobile à démonter des antennes se multiplient. Parallèlement, le nombre de personnes vivant à proximité de telles installations et se plaignant de symptômes qui les handicapent au quotidien n'a jamais été aussi élevé. Alors, doit-on avoir peur des antennes-relais ? Augmentent-t-elles le risque de cancer ? Que sait-on des effets des ondes électromagnétiques sur la santé humaine ? En réalité, pas grand-chose : aujourd'hui, rien ne prouve que l'exposition chronique à ces ondes soit nocive, mais rien ne l'innocente non plus.

Les champs électromagnétiques émis par les antennes-relais de téléphonie mobile (ou stations de base), les stations radar ou les émetteurs de radio et de télévision ont fait l'objet d'études scientifiques qui ont permis d'édicter les règles d'implantation et les normes concernant leur puissance d'émission (voir ci-dessous). Ces études montrent que les ondes électromagnétiques ont des effets biologiques : elles provoquent une agitation moléculaire qui conduit à une augmentation de la température et à la création de courants électriques internes. La chaleur ainsi générée est toutefois évacuée du corps humain grâce aux processus naturels de thermorégulation. Cependant, une incertitude subsiste : en cas d'exposition de longue durée ou très intense, notre organisme pourrait ne pas être capable de compenser l'effet des ondes. Et là, certains scientifiques estiment qu'il pourrait y avoir un risque pour la santé.

Pour autant, selon l'OMS qui a compilé les résultats de toutes les études relatives à ce sujet, ' il n'existe aucun élément scientifique probant confirmant d'éventuels effets nocifs des stations de base et des réseaux sans fil pour la santé '. Même observation au Ministère de la santé francais : ' Plusieurs groupes d'experts indépendants [...] se sont penchés sur les effets sur la santé des champs électromagnétiques, au niveau mondial, européen ou national. Tous ces groupes ont conclu qu'en l'état actuel des connaissances scientifiques, et compte tenu des faibles niveaux d'exposition aux champs électromagnétiques autour des stations relais, l'hypothèse d'un risque pour la santé des populations vivant à proximité de ces stations ne pouvait être retenue '. Les magistrats francais qui ont ordonné le démontage d'antennes reconnaissent quant à eux avoir fondé leur décision sur l'incertitude, "au nom du principe de précaution".

Mais dans ce cas, les personnes se déclarant hypersensibles aux ondes électromagnétiques sont-elles des malades imaginaires ? Absolument pas : les manifestions dermatologiques, les maux de tête, la fatigue anormale, les nausées, ou encore les palpitations cardiaques dont elles se plaignent sont des maux bien réels, les médecins le confirment. Reste à définir leur origine. Et pour l'OMS, rien n'indique qu'il existe un lien entre ces symptômes et les antennes : une partie des troubles frappant les "électro-hypersensibles" pourraient être causés par des facteurs environnementaux indépendants des ondes électromagnétiques. "La quasi-totalité des études sur l'électro-hypersensibilité ont montré que les sujets concernés, bien que manifestant des troubles variés en présence de dispositifs émetteurs de champs électromagnétiques, sont incapables de reconnaître si ces dispositifs sont actifs ou non ' indique de son côté l'Académie de médecine. On parle alors d'effet nocebo, une sorte d'effet placebo qui fait du mal au lieu de faire du bien. L'OMS parle aussi de ' réactions de stress liées à la crainte inspirée par les éventuels effets sur la santé des champs électromagnétiques". Cette hypothèse est relayée par l'Académie de médecine qui précise que "l'angoisse ou la phobie en présence d'émetteurs de champs électromagnétiques peuvent être réelles et justifier une prise en charge adaptée".

Selon beaucoup de scientifiques, la question de la dangerosité des antennes-relais n'est cependant pas la plus cruciale à résoudre. Le vrai problème, s'il existe, serait plutôt celui des téléphones mobiles eux-mêmes : si la puissance d'émission d'un téléphone portable est nettement inférieure à celle d'une station de base, les ondes émises par les téléphones portables sont les plus problématiques car elles sont diffusées bien plus près du cerveau. L'intensité du champ électromagnétique recu par les utilisateurs de téléphones mobiles, bien qu'inférieure aux valeurs limites recommandées, est significativement plus forte que celle recue au voisinage d'antennes-relais. A cet argument, certains rétorquent que rien ne prouve qu'une exposition de quelques heures par mois aux ondes d'un téléphone soit plus nocive qu'une exposition faible, mais presque permanente, aux antennes-relais.

A l'heure actuelle, aucune donnée épidémiologique ne permet de trancher cette question. Comme presque toutes les autres relatives aux effets des ondes électromagnétiques sur la santé humaine.

Vers encore plus d'antennes-relais ?

Grâce aux téléphones mobiles, la voix est transformée en champs électromagnétiques qui se propagent par l'intermédiaire de l'antenne du téléphone jusqu'à une antenne-relais. Le signal reçu est ensuite transmis par le réseau de l'opérateur jusqu'à un poste fixe ou jusqu'à l'antenne relais d'un correspondant lui aussi équipé d'un téléphone mobile. Chaque antenne couvre une portion de territoire dont la taille dépend de sa puissance d'émission. En France, la puissance d'émission des antennes-relais GSM est limitée à 41 V/m (volts par mètre). De nombreuses associations militent pour que ce seuil soit abaissé de manière à ne pas dépasser 0.6 V/m. Ce seuil de 0.6 V/m se fonde sur des données de l'étude Bio-initiative, une étude qui a été très critiquée par la communauté scientifique en raison de nombreux biais dans la méthodologie utilisée. De leur côté, les opérateurs de téléphonie mobile français rappellent qu'ils ont l'obligation contractuelle de couvrir la quasi-totalité du territoire. Ainsi, si une loi les conduisait à réduire la puissance d'émission de leurs antennes, ils devraient en installer environ 15 % en plus afin de maintenir le même niveau de couverture.

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Source : ARC, mai 2009.