Erreur médicale en hausse

L'erreur est humaine et l'erreur médicale, qui tue plus que les accidents de la route, est due à la taille de la « chaîne soignante ». La majorité des accidents médicaux correspondent à des méprises médicamenteuses.

Selon une enquête réalisée en 2002 en Pennsylvanie, le risque de mortalité évitable s'élèverait en fonction du nombre de patients par infirmière : il augmente de 14% entre 4 et 6 patients et de 31% entre 4 et 8 patients. Sachant qu'en France les établissements hospitaliers se heurtent à une pénurie d'effectifs du personnel soignant, amplifiée par le passage aux 35 heures, ce constat est plutôt effrayant. Selon certaines estimations, sur 11 millions d'hospitalisations en France, on enregistrerait 330.000 accidents médicaux sérieux, soit entre 19.800 et 43.000 décès chaque année, c'est-à-dire bien plus que les accidents de la route. Parallèlement, une enquête menée en 1992, sur une journée, a permis de dénombrer 109 accidents médicaux pour 1733 malades, dont 76% étaient dus à des erreurs de traitements médicamenteux. En règle générale, il s'agit d'erreurs de médication, d'infections nosocomiales et de fausses manipulations techniques.

Ces données, aussi alarmantes qu'elles soient, ne doivent pas promulguer davantage les professionnels de santé au rang, impossible, de l'infaillibilité. Même si certaines opérations sont aujourd'hui fortement automatisées, la main et la décision de l'homme interviennent toujours, et heureusement. Le mieux serait donc de revoir l'organisation des soins, l'environnement de travail et le problème des effectifs. Les pouvoirs administratifs et politiques devraient s'investir davantage, dans la mesure où il leur revient d'assurer la démarche qualitative des soins, qui comprend à ce titre la prévention des accidents médicaux.

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Source : Pr Georges David, " le bon usage de l'erreur médicale ", communication à l'Académie de médecine, 20 novembre 2003, www.medhermes.fr ; Aiken et coll., JAMA, 288 (16) : 1987-93, 2002 ; Queneau P. et coll., Bull. Acad. Med., 5 : 651-67, 1992.