Douleur de l’enfant : ce qui va changer

Encore aujourd’hui, on ne porte pas assez attention au vécu douloureux de l’enfant. En matière d'anti-douleur, on s’arrête trop souvent au paracétamol. Or les moyens pharmacologiques existent et ne doivent plus faire peur. Les prochaines recommandations françaises vont d’ailleurs promouvoir la morphine dans des affections courantes mais très douloureuses. D’où le mot d’ordre de la 22ème édition des journées sur la douleur de l’enfant (9-11 décembre 2015, Unesco, Paris) : encore un effort ! 
Sommaire

L’ibuprofène, dans les douleurs modérées de l’enfant

Les molécules antalgiques sont classées selon les trois paliers de l’Organisation Mondiale de la Santé :

  • palier 1 : paracétamol, anti-inflammatoires non stéroïdiens, aspirine;
  • palier 2: les opioïdes ou morphiniques dits « faibles » comme le tramadol et la codéine;
  • palier 3 : les morphiniques puissants, dont seule la morphine est utilisée en pédiatrie.

Ces dernières années ont été marquées par la publication de quelques cas exceptionnels, sévères mais exceptionnellement mortels, de dépression respiratoire (insuffisance respiratoire nocturne) suite à la prise de molécules du palier 2, principalement de la codéine, chez l’enfant après amygdalectomie. En conséquence, en 2013 les autorités sanitaires françaises et internationales ont proscrit la codéine chez l’enfant de moins de 12 ans, et, quel que soit l’âge, après ablation des amygdales, ainsi que chez la femme allaitante. Le tramadol reste quant à lui autorisé chez l’enfant de plus de 3 ans mais serait susceptible d’entraîner les mêmes complications.

Si le paracétamol reste la molécule de choix pour les douleurs légères, les nouvelles recommandations de la Haute Autorité en Santé (HAS) française -prévues pour 2016- vont conforter la place prépondérante de l’ibuprofène -l’anti-inflammatoires non stéroïdien (AINS) de référence en pédiatrie - dans les douleurs modérées. Il est souvent accusé de favoriser les infections sévères: une peur sans véritable fondement scientifique à ce jour. Il est utile en cas de douleurs légères à modérées, mais jamais en cas de varicelle, et la prudence reste de mise en cas de déshydratation ou d’infections sévères (abcès, pneumonie).

Douleur de l’enfant : ne plus craindre la morphine !

Il n’y a pas que le paracétamol ! Ces nouvelles recommandations de la HAS vont mettre en avant la place de la morphine chez l’enfant dans les douleurs sévères (hors céphalées même sévères et hors douleurs d’origine psychosomatique).

Elle est utilisable dès les premiers mois de vie, mais dans ce cas, à demi-dose et sous surveillance.

Dr Elisabeth Fournier-Charrière, pédiatre au Centre d'étude et de traitement de la douleur de l'adulte et de l'enfant (CHU Bicêtre) : « La morphine sera de plus en plus recommandée pour soulager l’enfant, et les parents ne doivent ni s’en étonner, ni en avoir peur. Elle sera plus souvent prescrite, à faibles doses, en cas d’affections courantes mais très douloureuses (hyperalgiques) comme par exemple certaines otites, fractures, entorses, brûlures ou gingivo-stomatites de primo infection herpétique (une infection des muqueuses de la bouche au premier contact avec le virus de l’herpès), sur une durée allant de 24 heures à cinq jours. La morphine est déjà conseillée dans ces cas-là mais les médecins la prescrivent encore trop peu. Globalement, en 2015, l’antalgie n’est pas assez utilisée chez l’enfant, en dépit d’une progression nette durant la dernière décennie ».

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Source : Une mine d’information sur le site « sparadrap » : www.sparadrap.org
D’après un entretien avec le Dr Elisabeth Fournier-Charrière, pédiatre au Centre d'étude et de traitement de la douleur de l'adulte et de l'enfant (CHU Bicêtre) et co-auteur avec le Dr Barbara Tourniaire (Hôpital Trousseau, Paris) du Guide PEDIADOL « la douleur de l’enfant, l’essentiel ». http://www.pediadol.org/