Le dopage de Lance Armstrong : un double problème de morale

Lance Armstrong s'était dopé à l'EPO lors de sa première victoire du tour de France en 1999. C'est ce qu'a révélé le journal l'Equipe juste après la fin du tour 2005 qui venait de couronner le champion américain pour la septième fois. Cette information pose un vrai problème éthique sur le plan médical, à savoir le respect de l'anonymat versus le respect des règles contre le dopage.

L'Erythropoïétine ou EPO est une molécule très importante qui permet de stimuler la fabrication des globules rouges (ou érythrocytes) dans l'organisme. C'est un médicament qui permet de sauver des malades dont la moelle osseuse, qui fabrique les érythrocytes, est atteinte. Pour les sportifs, elle a l'énorme avantage d'augmenter le nombre de globules rouges et donc la capacité d'utilisation de l'oxygène : la résistance augmente considérablement. Mais ce médicament a un inconvénient majeur : en augmentant le nombre de globules, il rend le sang plus épais et le risque d'une coagulation interne avec attaque cardiaque est plus élevé. Il est donc dangereux d'en prendre en dehors des indications médicales précises et c'est l'une des raisons pour lesquelles ce médicament est classé comme dopant. L'autre raison bien entendu, c'est que l'EPO améliore de manière artificielle les aptitudes physiques et donc les résultats.

Le sport propre doit être un objectif majeur que doivent faire respecter les fédérations sportives. Tout le monde ne peut que saluer les mesures de contrôle antidopage qui sont prises. On ne peut également qu'approuver la publication d'informations sur les sportifs qui se dopent, car les exemples de méfaits et de leurs conséquences sont pédagogiques.

Mais dans le cas de Lance Armstrong un autre problème se pose : les prélèvements d'urines qui ont été trouvés positifs étaient anonymes. C'est-à-dire qu'ils avaient été conservés dans le cadre d'une procédure permettant de respecter l'engagement d'anonymat qui avait été pris, les coureurs ayant été classés négatifs à l'époque pour leur test antidopage. Pour pouvoir identifier les échantillons de Lance Armstrong, il a fallu rapprocher les bordereaux de prélèvement, conservés au ministère des Sports, et les numéros des échantillons conservés au laboratoire. Ne pas respecter les procédures d'anonymat n'est pas médicalement éthique. Il est probable que la justice aura à se prononcer sur ce dossier.

Reste que le cas Armstrong nous donne un intéressant exemple de double problème de morale. Deux affirmations sont moralement acceptables et contradictoires :

  • il s'est dopé, il doit donc être puni,
  • on n'a pas respecté son anonymat. Il ne doit donc pas être puni.

Les problèmes de double morale sont intéressants pour savoir si l'on a tendance à se placer du côté des principes (dopage = punition), ou bien des personnes (l'anonymat = priorité). Quelques études ont montré que la tendance chez les hommes est de préférer une morale de principes, alors que les femmes tendent davantage à préférer une morale de personnes. D'où l'intérêt d'aborder ce type de problèmes avec des membres des deux sexes !

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