Dépistage gratuit du cancer du sein : les défaillances

Le magazine « 60 millions de consommateurs » révèle les failles du programme de dépistage gratuit du cancer du sein. Un manque d'information criant des femmes, des radiologues et des généralistes.

Depuis son lancement expérimental en 1989, le dépistage généralisé du cancer du sein vient d'être étendu à l'ensemble du territoire français (à l'exception de la Guyane). Il invite les 7 millions de femmes âgées de 50 à 74 ans, qui n'ont pas d'antécédents familiaux, à pratiquer tous les deux ans une mammographie entièrement prise en charge par l'assurance maladie. Le magazine « 60 millions de consommateurs » a réalisé son enquête. Un total de 100 femmes ont passé une mammographie et testé 100 radiologues et 32 médecins généralistes et gynécologues.

Idéalement

Les femmes de 50 à 74 ans, n'ayant pas passé de mammographie depuis moins de deux ans, n'ayant pas d'antécédents familiaux et n'étant pas déjà suivies pour un cancer du sein, reçoivent une invitation, le « rendez-vous santé+ », les incitant à aller passer une mammographie, prise en charge à 100%, sans avance de frais. Il suffit de prendre rendez-vous avec l'un des radiologues habilités, dont la liste est jointe à l'invitation. Les radiologues, généralistes et gynécologues doivent inciter leurs patientes à répondre favorablement à cette invitation, mais n'ont pas d'ordonnance à leur remettre pour cet examen de dépistage généralisé. Il faut ensuite se rendre chez le radiologue, muni de la lettre d'invitation et de la carte Vitale afin de bénéficier de la gratuité de l'examen. Celui-ci est fiable, rapide et consiste en une radiographie des deux seins, avec deux incidences par sein, c'est-à-dire deux clichés pris sous deux angles différents. Il est suivi d'un examen clinique et d'une double lecture pour les images jugées normales ou bénignes.Le radiologue donne immédiatement une première interprétation de cet examen à la patiente. Les résultats vous seront ensuite transmis, ainsi qu'à votre médecin traitant qui pourra vous les commenter.Une fois entrée dans ce programme, cette invitation sera renouvelée tous les deux ans.

La pratique

  • 40% des cabinets de radiologie ne proposent pas spontanément de dépistage organisé.
  • 25% n'accordent pas d'importance à la lettre d'invitation (dans le cas ou la patiente ne l'a pas reçu), sans laquelle la mammographie ne peut se faire sans avance de frais, et tandis que la patiente sort du programme de suivi.
  • Seuls 44% des médecins généralistes et des gynécologues soutiennent le dépistage organisé et 72% persistent à prescrire cet examen sur ordonnance alors qu'il n'en faut pas. En revanche, ils sont 75% à insister sur la nécessité de réaliser régulièrement une mammographie.
  • 63% des femmes ont reçu leur radio au-delà des deux semaines réglementaires.
  • 27% n'ont pas bénéficié de la palpation prévue par le cahier des charges.

Si le ministère de la Santé c'est fixé pour objectif d'atteindre un taux de participation d'au moins 80% en 2007, ces quelques données montrent clairement qu'il est nécessaire de renforcer l'information, tant auprès des femmes, que des professionnels de santé. Maintenant le programme est en place et étendu, reste à huiler les rouages.

Pour en savoir plus sur le dépistage généralisé : http://www.rendezvoussanteplus.net/depistage1.htm

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Source : Rendez-vous santé+, http://www.rendezvoussanteplus.net/depistage1.htm. Institut national de la consommation, n°382, avril 2004.