Le Cytotec® dans le collimateur de l'Agence du médicament

Décidément, plus un mois ne passe sans qu’un médicament ne fasse parler de ses dangers potentiels dans les médias. Cette fois, c’est le cas d’un anti-ulcéreux - le misoprostol ou Cytotec® - qui s’attire les foudres de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans le cadre de son usage persistant chez la femme enceinte.
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C’est l’utilisation hors AMM du misoprostol qui pose problème

Indiqué dans le traitement de l’ulcère gastrique ou duodénal évolutif et des lésions gastro duodénales induites par les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), le misoprostol a par ailleurs été utilisé de longue date par les gynécologues obstétriciens, soit pour provoquer une interruption médicale de grossesse, soit pour déclencher de façon artificielle le travail et donc, l’accouchement.

C’est cette dernière indication qui est de plus en plus controversée, en raison de la survenue de quelques cas mortels aux États-Unis et d’effets indésirables graves en France et dans le monde : ce traitement semble en effet augmenter les risques de rupture de l'utérus, d'hémorragies ou d'anomalies du rythme cardiaque du bébé.

Ils avaient déjà conduit la Haute Autorité de Santé à publier des recommandations de bonne pratique professionnelle, en 2008.

Aujourd’hui, l’ANSM stipule dans un nouveau communiqué que « dans le déclenchement de l’accouchement à partir de 37 semaines d’aménorrhée (absence de règles), le recours à des spécialités non autorisées, quelle que soit la voie d’administration, fait courir des risques graves à la mère et à l’enfant ».

Sa mise en garde s’applique d’ailleurs également au Gymiso qui contient la même molécule et qui ne doit plus être utilisé dans le déclenchement artificiel du travail.

Une simple question d’argent ?

Mais qu’est-ce qui peut bien pousser des maternités à utiliser ce médicament alors que des alternatives (ayant une AMM dans cette indication) existent ?

Bonne question pour laquelle certaines voix s’élèvent pour dénoncer la course aux restrictions financières dans les maternités et là, ce sont clairement les politiques de santé qui sont montrées du doigt.

Le Cytotec® étant bien moins coûteux que les traitements alternatifs existants et la course aux séjours hospitaliers de plus en plus courts (toujours pour des raisons d’économie) expliqueraient, au moins en partie, que ce traitement resterait encore utilisé en dépit de ses effets secondaires : en effet, sous Cytotec®, le laps de temps entre déclenchement du travail et accouchement est raccourci. Une situation qui repose l'organisation de notre système de soins au service des femmes enceintes.

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Source : Communiqué de l’Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) http://ansm.sante.fr/S-informer/Actualite/Mise-en-garde-sur-les-risques-potentiels-lies-a-l-utilisation-hors-AMM-du-Cytotec-misoprostol-dans-le-declenchement-de-l-accouchement-Point-d-information - Association Timéo : https://timeo-asso.fr/content