Cancer du sein : certains aliments limiteraient l’efficacité du traitement

Le soja et certaines céréales pourraient avoir un effet néfaste sur le traitement des cancers du sein dépendants aux hormones. Ils apportent des œstrogènes qui contreraient l'action des médicaments.
© Istock

Le soja serait-il à éviter pendant un cancer du sein ? C'est ce que suggère une étude réalisée par l'Institut de Recherche Scripps (Etats-Unis). Publiée dans la revue Cell Chemical Biology, elle conclut que les composants de cette légumineuse, et d'autres céréales, pourraient annuler les effets du palbociclib et du létrozole. Ces deux traitements sont indiqués dans les formes hormono-dépendantes de cancer du sein.

Ces médicaments anti-cancéreux agissent chacun selon un mécanisme précis. Le palbociclib (Ibrance®) inhibe la production de cellules tumorales en bloquant deux molécules. Le létrozole (Femara®) agit sur la production d'œstrogènes, ce qui a pour effet de limiter la production des récepteurs qui leur sont associés sur la tumeur.

L'association de ces deux médicaments est donc très utile. Mais cette efficacité pourrait être menacée par certains comportements alimentaires. En effet, certaines céréales sont infectées par un champignon toxique (zéaralénone) et le soja produit de la génistéine.

De nombreuses sources d'exposition

Ces deux éléments sont des xéno-estrogènes, c'est-à-dire qu'ils possèdent des molécules mimant l'action des hormones sexuelles féminines. En laboratoire, les chercheurs américains ont exposé des cellules tumorales aux anti-cancéreux. Puis ils ont observé l'effet de ces deux substances sur l'efficacité du traitement.

"Même à un niveau faible et environnemental, l'exposition à ces xéno-œstrogènes suffit pour avoir un impact sur le traitement", constate Benedikt Warth, premier auteur de ces travaux. En effet, les cellules cancéreuses ont repris leur prolifération comme si aucun médicament n'était administré.

La zéaralénone et la génistéine ne représentent qu'une infime partie des œstrogènes d'origine externe auxquels nous pouvons être exposés, soulignent les scientifiques. Certains pesticides et plastifiants très présents possèderaient les mêmes propriétés. Bien d'autres pourraient avoir un impact sur les médicaments anti-cancéreux.

"Les patientes souffrant de cancer du sein et traitées par palbociclib et létrozole devraient envisager de réduire leur consommation d'aliments contenant des xéno-œstrogènes", conseille donc Gary Siuzdak, co-auteur de l'étude.

Vidéo : Le cancer du sein expliqué en vidéo

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Source : Metabolomics Reveals that Dietary Xenoestrogens Alter Cellular Metabolism Induced by Palbociclib/Letrozole Combination Cancer Therapy, Benedikt Warth, Cell Chemical Biology, 11 janvier 2018
Traitements du cancer du sein, Institut national du Cancer, consulté le 15 janvier 2018