Cancer colorectal : un dérivé du brocoli efficace en prévention

Combiné  à un probiotique, le brocoli a une action sur le cancer sur le côlon et le rectum. L'un de ses composés chimiques se transforme en agent anti-cancer puissant.
© Istock

Avec ses bouquets vers et sa forme d'arbre, ce légume a traumatisé des générations d'enfants. Il est temps de le réhabiliter. Oui, le brocoli est bon pour la santé. Combiné à un probiotique développé par l'université nationale de Singapour, il pourrait même prévenir le cancer colorectal.

"Nos mères ont raison, finalement : manger des légumes est important", plaisante le Dr Chun-Loong Ho, à l'origine de cette invention. Il est également l'auteur des travaux, publiés dans Nature Biomedical Engineering, qui détaillent la mise au point de cette association thérapeutique.

Les recherches de cette équipe singapourienne sont parties d'un constat : les techniques médicamenteuses de prévention du cancer sont actuellement sous-développées. Des molécules existent bien, mais elles sont généralement mal absorbées par l'organisme.

Trois quarts des tumeurs réagissent

Les scientifiques ont alors tiré parti d'une bactérie qui vit dans nos intestins : E. coli Nassle. Inoffensive, elle a été modifiée afin de cibler les cellules cancéreuses situées dans le côlon et le rectum. Ainsi, elle se lie à la surface des tumeurs. C'est là qu'intervient le brocoli.

Ce légume, comme les autres crucifères, contient des composés organiques appelés glucosinolates. Exposée à la bactérie mise au point par les chercheurs, cette substance se transforme en un agent anti-cancéreux, le sulphoraphane.

Restait à savoir si cette association produit les effets attendus dans un organisme malade. L'équipe a donc testé le probiotique sur un groupe de souris souffrant de cancer colorectal, et a comparé les résultats par rapport à d'autres rongeurs non traités.

Le comprimé mis au point par les Singapouriens a permis de réduire de 75 % le nombre de tumeurs chez les animaux. Celles qui restaient étaient trois fois plus petites que celles observées dans le groupe non traité.

Trois quarts des tumeurs réagissentHo CL, Tan HQ, Chua KJ, Kang A, Lim KH, Ling KL, et al. Engineered commensal microbes for diet-mediated colorectal-cancer chemoprevention. Nat Biomed Eng. Jan 2018.

En prévention ou en complément ?

Ce traitement présente aussi l'avantage d'être très spécifique : il ne cible que les cellules cancéreuses du côlon et du rectum. Les cellules saines sont épargnées, tout comme les tumeurs situées sur d'autres organes.

Les chercheurs estiment donc que leur probiotique pourrait être utilisé en prévention, chez des personnes à risque, mais aussi en tant que "nettoyant" après une chirurgie d'ablation du cancer. "Ce qui est particulièrement intéressant avec cette stratégie, c'est qu'elle tire profit de nos habitudes de vie; elle transforme une alimentation standard en un traitement peu coûteux", s'enthousiasme le Pr Matthew Chang, également signataire de ces travaux.

Il faudra tout de même un long moment avant de voir un tel complément alimentaire arriver sur le marché. La dose nécessaire pour obtenir ces résultats n'a pas été définie. Et les scientifiques le reconnaissent eux-mêmes : la ligne est ténue entre un sous-dosage et une overdose.

Vidéo : Le cancer du côlon en vidéo

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Source : Engineered commensal microbes for diet-mediated colorectal-cancer chemoprevention, Chun Loong Ho, Nature Biomedical Engineering, 10 janvier 2018
Cancer du côlon et du rectum, Ligue contre le cancer, 22 août 2016.