Burn out : les enfants aussi sont à bout

Le burn out ne concerne pas seulement les adultes. Il touche de plus en plus de jeunes et même des enfants qui craquent parce qu’on exige trop d’eux, pas au bon âge.
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Le burn out des enfants : une réalité

« Avant, je recevais un enfant par semaine au bord du craquage. Aujourd’hui, j’en vois au moins cinq et quand ils poussent la porte de mon cabinet, ils sont déjà en grande détresse » explique la psychothérapeute Béatrice Millêtre, auteur de « Le burn out des enfants, comment éviter qu’ils ne craquent ».

Selon elle, le phénomène est en train d’exploser. En 2014, une enquête de l’Unicef auprès de 10 000 jeunes français révélait déjà que 40% des 6 à 18 ans éprouvent une souffrance psychologique et qu’à partir de 12 ans, 30% d’entre eux ont des idées suicidaires… Phobie scolaire, perte de repères, angoisse, manque de confiance... La jeune génération perdrait-elle pied ? « Avant on parlait du stress des adolescents mais, aujourd’hui, on est passé un cran au-dessus avec un burn-out chez les enfants similaire à celui qui affecte les adultes », affirme Béatrice Millêtre.

71% des 11-14 ans ont peur du chômage

Les raisons ? Des parents qui en demandent trop, qui sont perdus ou angoissés par l’avenir, des élèves qui se mettent eux-mêmes dans la compétition, des enseignants qui n’autorisent pas le droit à l’erreur, des enfants sur-occupés ou livrés à eux-mêmes... Béatrice Millêtre parle de mégamorphisme : « Les adultes voient les enfants plus grands qu’ils ne sont. A 8 ans, ils font parfois leur déjeuner tout seul ou alors ont les écrans comme nourrice. A l’école, ils croulent sous les devoirs, les contrôles, la course aux bonnes notes, les cours de soutien... ».

Certains de ses jeunes patients cumulent 3 à 5 activités extra-scolaires par semaine. Ils partent de chez eux à 7 h du matin et rentrent à 19 h 30.

La situation est aggravée par la crise : 71% des préadolescents de 11 à 14 ans ont peur du chômage et 63% de la pauvreté.

Béatrice Millêtre : « Une petite fille de 10,5 ans m’a dit qu’elle devait avoir 20 sur 20 pour faire de bonnes études et avoir un travail. Elle l’a forcément entendu car ce n’est pas l’âge de dire ça. Beaucoup d’enfants ne sont plus que de bons petits soldats programmés pour réussir. Ils ne soufflent jamais et oublient d’être des enfants ».

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Source : Entretien avec Béatrice Millêtre, psychothérapeute et auteur du livre  « Burn out des enfants, comment éviter qu’ils ne craquent », Payot Psy, 2016.