L’aspirine, anti-cancer majeur en prévention

L’aspirine, anti-cancer majeur en prévention : voilà une information exceptionnelle. A faible dose en plus, l’effet étant maximal en quelques années seulement. Selon une nouvelle étude, la baisse de mortalité par cancer serait en effet d’un tiers, ce qui est énorme, après seulement 5 années de prises régulières. D’où la question : faut-il commencer à prendre de l’aspirine sans attendre que d’autres études confirment ce premier résultat ?
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S’il est bien un médicament polyvalent, c’est l’aspirine. C’est un excellent antipyrétique qui fait baisser la fièvre des grippes et autres infections, notamment hivernales. C’est un anticoagulant de premier plan qui permet, à faible dose, de prévenir des rechutes d’infarctus du myocarde et du cerveau (attaques cérébrales par obstruction d’une artère du cerveau). C’est aussi un antalgique majeur pouvant soulager bien des maux de têtes. C’est enfin un très bon anti-inflammatoire, constituant une bonne alternative aux corticoïdes dans nombre de maladies chroniques.

Un effet anti-cancer majeur en prévention

A toutes ces propriétés, Peter Rothwell ajoute celle d’être un médicament anti-cancer majeur, permettant de diminuer la mortalité par cancer toute cause de 34 % en 5 ans. Ce chiffre est impressionnant et il n’existe pas d’autre molécule pouvant se targuer d’un tel résultat. Parmi les 25 .000 patients suivis dans cette étude, ceux qui prenaient une faible dose d’aspirine, seulement 75 mg par jour, bénéficiaient d’une réduction de leur risque de décès d’environ 10% pour le cancer de la prostate, de 30% pour celui du poumon, de 40% pour le cancer colorectal et de 60% pour celui de l'œsophage.

Autre résultat de l’étude : la réduction de la mortalité globale était essentiellement due à la réduction du risque de mortalité par cancer. Autrement dit l’effet anticancer est encore plus fort que l’effet préventif des maladies cardiovasculaires.

L’aspirine en prévention des cancers pour qui ?

Après avoir lu les résultats d’une telle étude, on se demande qui peut bénéficier dès maintenant d’une prévention des cancers par l’aspirine. Idéalement, il faudrait attendre au moins 5 à 10 ans que d’autres études similaires sortent, afin d’être complètement sûr. Mais 5 à 10 ans c’est long et cela peut aussi être trop tard pour en bénéficier si un événement fatal est survenu entre-temps. Idéalement il faudrait aussi prendre en compte le risque de saignement à long terme dont peut être responsable l’aspirine. Mais à la faible dose de 75 mg par jour, les risques sont très faibles comparés aux avantages préventifs.

Tous ces arguments pris en considération, il me semble que l’aspirine en prévention des cancers peut être proposée :

  • A ceux qui présentent un risque cardiovasculaire important. Ils font dans ce cas, d’une pierre deux coups et c’est un argument de plus pour bien suivre leur traitement,
  • A ceux qui présentent un risque de cancer important notamment parce qu’ils sont fumeurs. L’un des cancers qui bénéficie le plus de la prévention par l’aspirine dans l’étude de Rothwell est justement celui du poumon (on peut penser que dans cette étude, pratiquement toutes les personnes atteintes du cancer du poumon étaient fumeuses. Ce sont donc les fumeurs qui ont le plus bénéficié de la baisse du cancer du poumon observée dans l'étude). Un traitement préventif en attendant de trouver l’indispensable énergie pour arrêter de fumer…

Source : Peter Rothwell et coll., The Lancet, décembre 2010.

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