Allergie grave : l’anaphylaxie, une urgence vitale trop méconnue

Les allergies alimentaires ou aux pollens, de plus en plus fréquentes, sont fortement médiatisées. Au point - revers de la médaille - d’être banalisées. Or les réactions allergiques graves ou « anaphylaxies » sont, elles aussi, plus courantes et trop méconnues alors qu’elles engagent le pronostic vital, selon un sondage Ifop. De nombreuses personnes à risque n’y sont pas préparées. L’anaphylaxie en 10 questions.
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Qu’est-ce que l’anaphylaxie, cette réaction allergique grave ?

Le choc anaphylactique, ou anaphylaxie, est beaucoup plus courant qu’on ne le croit. Cette réaction allergique imprévisible, brutale et sévère est potentiellement mortelle. Elle se caractérise par l’apparition soudaine de symptômes à la fois cutanés et muqueux ou des deux (urticaire généralisée, démangeaisons, gonflement des lèvres, de la langue ou de la luette…) associés à une atteinte respiratoire et/ou une perte de connaissance voire le décès.

La mortalité est due soit au collapsus cardio-vasculaire (chute de la pression sanguine avec arythmie ventriculaire et/ou infarctus du myocarde), soit plus fréquemment à une suffocation (par œdème laryngé et/ou surtout œdème des bronches avec bronchospasme/ diminution du calibre des bronches).

Qui connaît l’anaphylaxie ?

Dans une enquête nationale Ifop 2016* auprès des personnes allergiques à risque et leurs proches, seules 24% des personnes interrogées - pourtant concernées au premier chef - savent précisément de quoi il s’agit. Toujours selon ce sondage, 8% ont déjà expérimenté une réaction allergique forte, dont un choc anaphylactique dans 87% des cas.

Les personnes sont conscientes du danger dans l’immense majorité. En conséquence, dans le cas d’une allergie alimentaire, 34% passent ensuite beaucoup plus de temps à lire les étiquettes et modifient leur comportement alimentaire.

L’anaphylaxie, pourquoi est-elle en constante augmentation ?

L’anaphylaxie répond à la définition d’une maladie rare puisque sa prévalence est de moins de 1/2 000 personnes. Son incidence (nombre de cas par an) est mesurée à moins de 1/10 000 habitants. Au cours des dix dernières années, en Europe, le nombre d’hospitalisations d’enfants pour des réactions allergiques sévères a été multiplié par sept.

Pr Pascal Demoly, Département de Pneumologie et Addictologie, Hôpital Arnaud de Villeneuve, CHU de Montpellier : « Il n’y a pas de donnée mondiale d’évolution dans le temps du nombre des anaphylaxies, mais des données régionales suggèrent une augmentation de leur incidence (+ 700% en Angleterre), notamment avec l’apparition de nouveaux allergènes, surtout les nouveaux médicaments et certains aliments. Elle est source d’hospitalisations (1/3 000 aux États-Unis) et de décès (1,12 par million d’habitants et par an au Brésil) ».

Quel est le mécanisme de la réaction allergique grave ?

Une réaction anaphylactique peut survenir dès la toute première réaction allergique.

Chez les personnes allergiques, le système immunitaire qui protège l’organisme contre les bactéries, les virus et les toxines reconnaît, de façon incorrecte, des substances inoffensives comme étant nocives et réagit de façon excessive, en libérant des médiateurs chimiques pour se défendre. Ce mécanisme fait intervenir le plus souvent une classe d’anticorps (immunoglobulines) retrouvée classiquement dans les allergies (alimentaires, médicaments, venins). Mais d’autres mécanismes plus complexes existent dans l’anaphylaxie.

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Source : * Enquête Nationale Ifop « Les Français et le choc anaphylactique » menée en France en Juillet et Août 2016. Enquête menée auprès d’un échantillon de 319 personnes à risque anaphylactique et de 392 proches de personnes à risque anaphylactique
D’après un entretien avec Pr Pascal Demoly, Département de Pneumologie et Addictologie (CHU de Montpellier) et la conférence de presse de l’Association Française pour la Prévention des Allergies, association loi 1901 créée en 1991.